La physique repose sur 2 piliers de natures très différentes : la Relativité Générale, qui décrit la gravitation et le comportement de l’univers à grande échelle, et la théorie quantique des champs qui rend compte de la diversité des particules élémentaires et des interactions fondamentales autres que la gravitation.
Les tentatives pour unifier ces 2 constructions théoriques prédisent l’existence de nouvelles interactions qui pourraient se manifester à travers la violation du principe d’équivalence entre la masse inerte, qui mesure la résistance d’un corps au mouvement, et la masse gravitationnelle, qui mesure sa sensibilité à un champ de gravitation ainsi que sa propre contribution à ce champ.
Ce principe qui remonte à Galilée a donné lieu, depuis le 16ème siècle, à des mesures dont la précision n’a cessé de croître, du centième jusqu’à environ 10-13 par des mesures au sol de plus en plus sophistiquées. Microscope permet de franchir un pas important puisqu’il doit permettre de gagner d’un coup 1 à 2 ordres de grandeur sur les meilleures mesures réalisées au sol. Avec une faible partie (environ 10 %) des données accumulées au cours de sa première année d’opérations, Microscope a déjà permis de repousser d’un ordre de grandeur la limite de validité du principe d’équivalence.
Après la publication l’an dernier des résultats du satellite Planck de l’Agence Spatiale Européenne qui a mesuré avec une précision inégalée les paramètres cosmologiques, puis la mise en évidence directe par la coopération LIGO-VIRGO d’ondes gravitationnelles, la publication des premiers résultats de Microscope apporte de nouveaux résultat à la brillante période que vit actuellement la physique fondamentale.
Des projets ambitieux de physique fondamentale sont actuellement à l’étude au sol et dans l’espace, pour comprendre par exemple la nature de la matière sombre et de l’énergie sombre. Microscope démontre que l’espace n’est pas seulement un lieu d’observation, mais qu’il peut également constituer un laboratoire expérimental pour la physique de pointe.
Avec la médaille d’or du C.N.R.S. décernée cette année à Alain Brillet et à Thibault Damour pour leur contribution à la détection des ondes gravitationnelles, la recherche française s’illustre une nouvelle fois à l’échelle internationale.
Frédérique Vidal adresse ses plus vives félicitations aux ingénieurs du CNES, qui ont assuré la maîtrise d’œuvre du satellite et de l’ensemble de ce projet particulièrement difficile ; aux chercheurs et ingénieurs de l’ONERA, qui ont réalisé cet instrument qui est le cœur de Microscope et qui opèrent le Centre de Mission Scientifique de Microscope et aux scientifiques de l’Observatoire de la Côte d’Azur, membres de l’Université Côte d’Azur, impliqués dans le projet depuis l’origine ; mais aussi à l’Agence Spatiale Européenne, qui a contribué au projet en fournissant les micro-propulseurs du satellite, et l’Agence Spatiale Allemande, le D.L.R., qui a soutenu les instituts de recherche allemands pour la fourniture des masses d’épreuve et les essais dans la tour de chute libre de Brême.