SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI
Je voudrais tout d'abord vous remercier pour les échanges que nous avons eus et pour l'aperçu que vous nous avez donné sur l'implication du muséum au sein de l'Alliance Sorbonne Université. En valorisant cette dimension partenariale, vous nous avez livré, en quelque sorte, la clé de la démarche que je suis venue vous présenter.
Le MNHN, lieu totem des relations science-société
Mais avant d'en arriver là, permettez-moi de vous dire tout le plaisir que j'ai d'être ici, au Museum national d'Histoire naturelle.
Débattre du partage de la connaissance entre ses murs, dans l'épaisseur de ses 4 siècles d'histoire et les parages de ses millions de spécimens, c'est nous rappeler à quel point la relation entre science et société, qui est apparue complexe et parfois fragile à la lumière de la pandémie, peut aussi être forte, riche, intime.
Nos concitoyens ont en effet un attachement particulier à cette institution : pour ceux qui la connaissent, elle offre de la science l'un des visages les plus familiers, à l'instar de la Cité des sciences ou du Palais de la Découverte. Car c'est là, dans ses serres, dans sa ménagerie, dans ses galeries, qu'ils ont découvert, enfants, la botanique, la zoologie, la paléontologie, la minéralogie, qu'ils ont ressenti pour la première fois l'aiguillon de la curiosité et le plaisir de connaître, un plaisir qu'ils ont bien souvent revisité tout au long de leur vie et partagé avec leurs proches.
Le M.N.H.N. est ce lieu où le secret de l'émerveillement intellectuel se transmet de génération en génération, il est ce lieu où la flânerie et la rêverie empruntent les mêmes allées que la pensée et le raisonnement, il est ce lieu où chercheurs et citoyens se retrouvent pour partager la science autour d'un squelette de baleine, d'une orchidée ou d'une météorite.
Je sais combien, sous l'impulsion de leur Président, les équipes des 13 sites du Muséum se sont démenées, avec beaucoup de succès, pour continuer à faire vivre ce lien privilégié durant cette année particulièrement rude pour les lieux culturels, par le biais de podcasts, de visites virtuelles, de rencontres en ligne, de moocs et de bien d'autres initiatives innovantes.
C'est dire si ce jardin de la connaissance tient à rester grand ouvert au public, comme il l'est depuis sa création en 1635, quand bien même ses portes sont contraintes de fermer. Car ici la science se donne à voir comme une dimension à part entière de notre culture et se développe en circuit court : la recherche menée dans ses laboratoires irrigue directement les expositions, les ateliers, les conférences proposées aux 8 millions de visiteurs annuels et en retour ceux-ci sont conviés à contribuer aux travaux des scientifiques. Cette promotion de la recherche participative est, comme nous l'avons vu, un axe fort du partenariat entre le Muséum et Sorbonne Université.
Si j'ai choisi de venir aujourd'hui dans ce haut lieu des relations entre science et société, c'est parce que je suis convaincue que ces liens doivent aujourd'hui être refondés, sur la base de cette confiance et de cette proximité que le M.N.H.N. a réussi à créer au fil du temps et que Bruno David a renforcées depuis son arrivée à la Présidence. Car la science doit redevenir ce bien commun, ce langage universel dont chacun doit maîtriser les rudiments pour que nous puissions nous comprendre, comprendre le monde qui nous entoure, nous y frayer ensemble un chemin et participer à construire le monde de demain.
La relation science-société, artère vitale de notre démocratie
La crise sanitaire a non seulement révélé toute l'ambivalence des liens entre science et société, mais elle nous a fait toucher du doigt les dangers que nous encourons si nous laissons ce malentendu perdurer. Nous avons vu nos citoyens se passionner comme jamais pour l'épidémiologie, mais parfois s'ériger en épidémiologistes. Nous les avons vu exiger de la recherche les certitudes qu'elle ne pouvait pas leur donner et ignorer les repères que la science pouvait leur fournir dans les mêlées des croyances, des opinions et des fausses informations. Nous avons vu notre société sincèrement soucieuse de comprendre, mais davantage séduite par la manie du commentaire que par la rigueur de l'argumentaire. Nous avons vu la culture du doute méthodique tantôt balayée d'un revers de main par des logiques populistes tantôt caricaturée pour servir d'armure conceptuelle à des théories complotistes. Et soyons honnêtes, nous avons vu aussi certaines méconduites scientifiques ajouter à la cacophonie ambiante.
Bref, nous avons pu mesurer combien le dialogue entre les chercheurs et nos concitoyens était entaché par la confusion, le relativisme et la défiance.
Or, la relation science-société est une artère vitale de notre démocratie. Lorsque la circulation se fait mal, parce que le lien est rompu ou que le déluge de fausses informations exerce sa pression, c'est notre république qui risque l'asphyxie. Or cette asphyxie du débat et de la vie des idées, c'est celle qui règne dans les bas-fonds du populisme et du fanatisme. A l'inverse, les connaissances et la démarche scientifique sont l'oxygène de la vie démocratique. Sans culture scientifique, sans partage des dernières avancées de la recherche, comment tout un chacun pourra-t-il exercer pleinement son rôle de citoyen et participer aux décisions collectives sur des questions aussi structurantes pour l'avenir que la transition énergétique ou la montée des radicalismes ?
Sans partager les bases de la démarche scientifique, comment tenir un débat démocratique constructif et apaisé, dans lequel le préjugé et l'opinion s'inclinent devant le fait et la raison ? Sans reconnaître le corpus des connaissances scientifiques comme un dénominateur commun, un îlot d'objectivité autour duquel se rassembler, comment affronter les défis contemporains, en débattre tout en restant unis ?
Nous avons besoin de faire science pour faire bloc, nous avons besoin de faire science pour faire société, dans l'épreuve comme dans la construction de notre avenir commun.
Pour cela, notre rapport à la science doit changer : nous - nous les citoyens, nous les décideurs, nous les chercheurs, nous les enseignants-chercheurs - devons déconstruire toutes ces images d'Epinal qui collent à la peau de la communauté scientifique. Il faut en finir avec l'idée que la recherche se développerait dans une tour d'ivoire ou dans un monde parallèle, aveugle et sourd aux soubresauts de la société. Il faut en finir avec l'idée que la science serait une sorte de « deus ex machina » qui viendrait ponctuellement dénouer les drames humains et les scientifiques des visionnaires voués à tirer le charriot récalcitrant de l'humanité vers la lumière, comme Kandinsky le pensait des artistes. Il faut en finir avec l'idée que la science serait un luxe de l'esprit ou la chasse gardée de quelques-uns.
La science est un bien commun, la science est une dimension essentielle à la vie de chacun, la science est l'hygiène de l'esprit du citoyen. Elle est une part essentielle de notre culture, et à ce titre, elle partage avec l'art le privilège de donner du sens à nos existences, de faire vivre en nous le goût du dépassement et l'espoir du mieux. Elle a sa place dans toutes les têtes, dans tous les foyers, dans tous les milieux, dans tous les quotidiens. Et pour prendre cette place qui lui revient, elle ne peut se contenter de se « diffuser » dans la société, comme par ruissellement depuis les prétendus sommets de la recherche, ni trancher les débats par sa seule autorité : elle doit aller à la rencontre de la société, s'offrir en partage aux citoyens et les embarquer dans ses pérégrinations.
Présentation de la démarche en 3 axes/3 convictions
Cette vision d'une science avec et pour la société, c'est celle que j'ai défendue dans la loi de programmation de la recherche promulguée le 24 décembre dernier. Parmi les ambitions portées par cette loi historique, celle d'une nouvelle donne dans les relations entre science et société occupe une place singulière : c'est la clé de voûte de la programmation, celle qui donne tout son sens à l'investissement massif demandé à nos concitoyens en leur promettant en retour plus de créativité, plus d'émancipation et plus de démocratie.
Aujourd'hui l'heure est venue de traduire ces engagements en actes, et c'est tout l'objet de la démarche que j'ai l'honneur de vous présenter ce matin. Son ambition est claire : renouer le pacte entre la science et la société, entre les chercheurs et les citoyens, en insufflant dans leurs relations plus de familiarité, plus de confiance et plus de réciprocité.
Cette stratégie est portée par une première conviction : la relation science-société doit désormais être reconnue comme une dimension à part entière de l'activité scientifique, comme une mission à part entière des chercheurs et des institutions de recherche. Qu'elle prenne la forme de la médiation ou de la recherche participative, elle doit acquérir ses lettres de noblesse et prendre la place qu'elle mérite dans les carrières et la vie académique.
La hiérarchie, plus ou moins implicite, que nous faisons entre la production des connaissances et leur transfert, que celui-ci prenne la forme de l'enseignement, de l'innovation, de la médiation ou de la co-construction, doit céder parce qu'elle enferme la science dans un huis clos stérile. Il y a différentes manières de servir la science et la société et elles sont d'égale dignité. L'impact de l'engagement dans la relation science société se mesure plus difficilement que celui de l'enseignement ou de l'innovation, que l'on peut appréhender à travers la réussite étudiante ou la compétitivité de nos entreprises. Nous n'avons pas de baromètre de notre santé démocratique, et pourtant, c'est bien là l'horizon du dialogue science-société. Dans cette mesure-là, c'est lui, en réalité, qui conditionne toutes les autres dimensions de la science, y compris la possibilité même de produire librement des connaissances. Car si nos citoyens questionnent le sens de la recherche, comment imaginer qu'ils consentent encore à investir en elle ou qu'ils protègent les libertés académiques ? Le partage de la science doit désormais être reconnu à la hauteur des enjeux qu'il recouvre et c'est pourquoi le premier axe de cette démarche, c'est de valoriser et d'encourager l'engagement de la communauté scientifique dans les relations science-société, des individus jusqu'aux institutions.
Encourager, c'est d'abord mieux financer. Afin de stimuler les initiatives des chercheurs, l'A.N.R. consacrera 1 % de son budget d'intervention au partage de la science, via des appels à projets dédiés ou via le financement d'un volet spécifique « culture scientifique » ou « recherches participatives » dans des projets génériques. Dès cette année, l'agence incitera également les lauréats 2018/2019 à développer des actions vers la société autour de leur projet. Par ailleurs, afin de préparer ses appels à projets futurs, l'A.N.R. a lancé en février dernier un appel à manifestation d'intérêt pour objectiver les relations science société et porter un regard réflexif sur les pratiques et dispositifs de médiation existants. Plus de 400 propositions ont été reçues, témoignage du dynamisme et des attentes de nos collègues et de leurs partenaires.
Encourager cet engagement, c'est aussi mieux le valoriser, notamment par une reconnaissance symbolique et institutionnelle. De nouveaux prix vont en effet être décernés par nos organismes : le C.N.R.S. remettra une médaille de la médiation scientifique à des scientifiques ou à du personnel d'appui et de soutien à la recherche. L'INRAE crée un prix pour les recherches participatives, porté par un jury mixte de scientifiques et d'acteurs de la société civile. Ces deux nouvelles distinctions viendront s'ajouter au prix de l'« impact sociétal » décerné par l'INSERM et l'OPECSTdepuis 2013.
Cette mise en lumière est complétée par la création d'une voie dédiée à la médiation scientifique au sein de l'Institut universitaire de France. A la fois distinction honorifique et E.R.C. à la française, le statut de membre de l'I.U.F. permettra à la fois de consacrer la médiation scientifique parmi les activités les plus prestigieuses de la recherche, de lui faire une vraie place dans la carrière des enseignants-chercheurs et de lui donner le temps et les moyens de s'épanouir, en renforçant également le soutien aux partenaires associatifs avec lesquels travaillent les lauréats. Ainsi, la promotion 2021 comprendra 4 chaires, avant d'en accueillir 10 en 2023.
Enfin, encourager cet engagement, c'est aussi le faire porter par les institutions. La relation science-société ne s'installera pas dans le paysage scientifique si elle ne se fait pas une place dans la stratégie des organismes et des universités. C'est pourquoi les contrats d'objectifs et de performance et les contrats de site des établissements intégreront désormais les actions en matière de relation science-société. En effet, celles-ci restent encore trop souvent dans l'angle mort des politiques de sites, alors même que certains de leurs membres peuvent être très engagés individuellement ou collectivement sur le sujet. Il est temps qu'elles sortent de l'ombre pour faire l'objet d'une vraie stratégie, « conscientisée », portée, revendiquée.
Les personnels de recherche et les établissements sont prêts à assumer cette responsabilité : l'enquête réalisée l'an dernier avec The Conversation a montré que les chercheurs considèrent le partage de la science comme une nécessité et une facette essentielle de leur mission de service public. Parallèlement, l'organisation, en cours et à leur initiative, d'un réseau de vice-présidents en charge de la relation science société au sein des universités est le signe d'une prise de conscience et d'une volonté d'engagement que je salue.
Voilà qui m'amène à la deuxième conviction qui sous-tend cette démarche : pour réussir, cette stratégie doit être menée dans un cadre territorial et partenarial.
Territorial, parce que le territoire est la bonne échelle pour impliquer les citoyens.
Partenarial, parce que si la communauté scientifique est garante de l'exactitude des connaissances, nombreux sont ceux qui participent de ce lien, aux côtés des scientifiques.
Il s'agit notamment des professionnels de la culture et de l'information, bien sûr du tissu associatif mais aussi des collectivités territoriales qui ont évidemment tout leur rôle à jouer.
Cette médiation constitue une interface indispensable qui, au sein de nos territoires, prend de multiples visages : c'est notamment l'exposition qu'on va visiter le week-end au centre de C.S.T.I., c'est le chercheur qui intervient dans une classe, c'est l'article relayant une découverte scientifique dans la presse locale.
Cette diversité, c'est l'ADN des relations « sciences-société », c'est une richesse que nous devons cultiver, parce qu'elle permet d'irriguer le quotidien du citoyen.
Aujourd'hui, cette diversité doit davantage gagner en visibilité pour toucher davantage de chercheurs et de citoyens.
De nombreux liens existent déjà entre les acteurs de la recherche et les acteurs de la médiation mais ils reposent trop souvent sur des bonnes volontés, des initiatives individuelles et des collaborations spontanées. Pour s'inscrire dans la durée et passer à l'échelle, ces partenariats doivent trouver un soutien institutionnel, mais un soutien institutionnel au bon niveau, qui ne viendra pas figer, standardiser, stériliser les énergies et la créativité, mais organiser, alimenter, connecter. Ce bon niveau, c'est celui du site universitaire, parce que c'est un lieu de production de la connaissance et d'ouverture sur la cité, un lieu qui parle à tous les acteurs du territoire, un lieu qui a acquis une culture du transfert au travers de l'enseignement et de l'innovation.
Je souhaite donc que les sites universitaires puissent servir de ports d'attache à l'émergence d'initiatives « sciences société », ouvertes aux citoyens, aux décideurs et aux acteurs économiques, organisées en réseaux et conduites en partenariat avec tous les acteurs de la médiation, les associations, les centres de C.S.T.I., les collectivités, les médias. Cette structuration du paysage institutionnel de la relation science-société constitue le deuxième axe de ma démarche.
Les établissements qui se mobiliseront pour faire émerger ce réseau d'initiatives partenariales feront l'objet d'une labellisation et d'un soutien financier auquel le ministère consacrera au total 2,6 millions d'euros dès la rentrée 2021. Il permettra de les aider à porter des actions innovantes, telles que la formation des chercheurs à la médiation scientifique, la collaboration avec des groupes de citoyens, le développement de boutiques de sciences, et à créer des liens plus étroits avec le monde des médias, de la décision publique mais aussi de la culture et de l'art. Trop souvent, lorsqu'on parle de culture, on oublie la culture scientifique, technique et industrielle, alors même qu'elle a beaucoup à nous apprendre sur notre rapport au monde. Non seulement le rapprochement de la science et des arts permettrait de restaurer l'unité de la culture, mais il enrichirait leur langage respectif. L'art est par exemple un formidable traducteur de la science, il rend intuitivement limpides ses conclusions les plus complexes et en prolonge l'écho dans l'imaginaire, comme le démontre l'initiative « Sciences en bulles » qui accompagne la Fête de la science depuis 2019. Je souhaite donc que de nouvelles synergies se développent entre les centres de culture scientifique, les musées de science, les établissements d'arts et de culture et les sites universitaires.
Ces initiatives territoriales, je souhaite qu'elles sachent aussi s'ouvrir à l'Europe et l'international. Quel plus beau thème fédérateur que cette relation entre science et société pour les universités européennes ?
Afin de mûrir leur projet, les établissements pourront s'emparer de la cartographie des principales actions et des pratiques existantes dans la communauté, établie par l'I.G.E.S.R. à ma demande et que nous allons rendre publique. Je les invite également à se saisir de l'appel à projet « Excellence sous toutes ses formes » pour construire les premières briques de leur projet : alimenté par le PIA 4 à hauteur de 800 millions d'euros, cet appel à projet invite les établissements à mettre leur signature au service de la résolution des grands défis de notre temps. La science avec et pour la société est bien évidemment une des réponses attendues et j'ai tenu à ce que le cahier des charges l'explicite nettement.
Pour s'assurer que le réseau d'initiatives et la stratégie « science société » des établissements ne soient pas un feu de paille mais s'installent durablement dans le paysage scientifique, j'ai décidé d'en confier le suivi et l'évaluation à l'H.C.E.R.E.S.
En effet, si nous voulons que la démarche en faveur d'une relation renouvelée entre science et société, qui mobilise une multiplicité d'acteurs, s'inscrive dans le temps, la structuration d'un réseau territorial ne suffit pas. Il doit pouvoir s'adosser à une réflexion et à une animation nationales. C'est là le 3ème axe de cette feuille de route.
A l'appui de cette conviction, je souhaite tout d'abord donner une nouvelle impulsion au Conseil national de la C.S.T.I.. Son rôle a été déterminant ces dernières années pour faire de la relation science- société une véritable politique publique. La stratégie nationale de CSTI qu'il a élaborée a défini une vision commune que les territoires se sont largement approprié. En posant les premiers jalons d'une culture partagée entre tous les acteurs, elle a rendu possible la démarche que je vous présente aujourd'hui. Il me paraît donc essentiel de relancer ce conseil, en lui donnant une nouvelle présidente et une nouvelle mission. Je suis donc ravie d'avoir aujourd'hui à mes côtés la députée Fannette Charvier, qui aura la responsabilité d'engager le CNCSTI dans une réflexion prospective, afin que nous soyons en capacité d'anticiper l'évolution de la relation science société, de prévoir les enjeux auquel elle sera confrontée demain, de prévenir ses fragilités et ses tensions et d'identifier les nouvelles pratiques ou les nouveaux acteurs qui pourraient entrer en jeu.
Le résultat de ces travaux aura vocation à nourrir aussi bien les initiatives du réseau territorial que les grandes actions nationales qu'il nous faut également poursuivre et amplifier.
Je pense tout d'abord à celles des nombreux partenaires associatifs qui irriguent les territoires et dont le rôle structurant n'est plus à démontrer. L'appel à projet lancé annuellement par le ministère a permis de soutenir 150 projets à portée nationale depuis 2018, autour de l'animation de réseaux, de la conception d'outils pédagogiques, de l'organisation d'événements et de rencontres ouverts au plus grand nombre. Nous allons permettre aux associations de voir encore plus grand, encore plus large, en augmentant de 150 000 euros ce soutien annuel pour le porter à 480 000 euros.
Parallèlement, le Ministère va également poursuivre la démarche qu'il a initiée en créant la plateforme RechercheCovid. L'ambition de ce dispositif innovant, c'était de donner la parole à la science et de mettre en lumière les contenus produits par nos opérateurs afin d'aider les citoyens à affronter « l'infodémie » sur la Covid-19. Cette initiative a montré combien il était important d'offrir au discours scientifique de l'écho, des relais, des tribunes, afin que la voix de la science puisse porter et se faire entendre dans le désordre informationnel et ce, au-delà des circonstances particulières dans lesquelles nous nous trouvons.
Ce constat nous conduit aujourd'hui à travailler avec les médias nationaux pour inventer avec eux de nouvelles modalités d'interactions. Ainsi sommes-nous en train de construire un partenariat avec France TV dans le cadre de son offre éducative Lumni, en la mettant en lien avec des opérateurs aussi divers que l'ONISEP, le CNOUS, FUN Mooc, le CNAM. Il ne s'agit pas pour le M.E.S.R.I.de se positionner en prescripteur mais bien en facilitateur.
Je compte aussi sur l'AMCSTI et sur nos grands établissements nationaux, comme Universcience, le Musée des arts et métiers, le musée de la Porte Dorée, le musée du Quai Branly, dont la diversité nous rappelle que la culture scientifique ne s'arrête pas aux sciences exactes et aux techniques, pour continuer à porter comme ils le font la culture scientifique à la française, notamment dans les réseaux européens comme Ecsite.
Enfin, s'il est un espace-temps où toutes ces initiatives, où tous ces partenariats, nationaux, locaux, peuvent être mis en valeur et révéler leurs synergies, c'est celui de la Fête de la science, qui doit plus que jamais s'imposer comme le rendez-vous phare de la science et de la société.
Nous fêterons cette année ses 30 ans : je souhaite que cette édition anniversaire porte l'esprit de la démarche que je vous ai présentée et donne le coup d'envoi à des relations renouvelées entre la science et la société, entre le monde académique et le monde de la médiation. Afin de lui permettre de porter cette ambition, des moyens inédits lui seront dédiés en portant à 1 million d'euros les fonds alloués aux régions académiques pour organiser dans leur territoire des évènements inédits, stimuler de nouveaux partenariats et mettre en valeur les premières initiatives du réseau territorial.
Vous le voyez, par ses objectifs, par ses impulsions transformantes, par les moyens qu'elle déploie, cette démarche traduit la volonté du Gouvernement d'élever la relation science-société au rang de priorité. Ce choix est inédit. Jamais cette politique publique n'avait occupé une telle place dans notre législation. Jamais elle n'avait été dotée d'un tel budget : ce sont, dès 2021, 3 millions d'euros qui seront mobilisés pour faire émerger de nouveaux projets. C'est 1 % du budget de l'A.N.R. qui lui sera consacré chaque année, soit 10 millions d'euros sur la base d'une trajectoire qui rehaussera les moyens de l'A.N.R. d'1 milliard d'euros d'ici la fin de la programmation. Ce sont les moyens alloués aux actions retenues dans l'appel à projets « excellence sous toutes ses formes » au sein du PIA 4.
Trop longtemps, la relation science société est restée à l'orée de nos politiques scientifiques comme de nos politiques culturelles. Or, pour citer Buffon, une figure tutélaire du Muséum, « le superflu devient avec le temps chose très nécessaire ». Si nous avons pu considérer, à tort, l'engagement des chercheurs dans le partage de la science comme secondaire et la culture scientifique comme accessoire, la crise sanitaire nous aura largement détrompés en révélant un rapport au vrai et à la raison de plus en plus vacillant au sein de notre société.
Ce temps du déni est désormais révolu. Cette nouvelle démarche considère la relation science société pour ce qu'elle est : un maillon essentiel de notre démocratie, un trait d'union entre les citoyens, un pont vers un avenir en commun pour lequel je sais pouvoir compter sur l'action de tous.