Publié le 21.10.2024

Cancer du sein : où en est la recherche en France ?

S'il y a une amélioration de survie après le cancer du sein chaque année, cette maladie reste la première cause de décès par cancer chez les femmes. Radiologie, médecine nucléaire, intelligence artificielle, thérapies ciblées… Quelles sont les dernières avancées de la recherche française pour mieux prévenir et traiter le cancer du sein ?

61 000nouveaux cas chaque année en France.

1 femme sur 8est touchée par le cancer du sein au cours de sa vie en France.

1er cancerchez les femmes et 1ère cause de décès par cancer chez les femmes.

9 femmes sur 10 sont en vie 5 ans après leur diagnostic grâce aux progrès de la recherche.

Mieux détecter le cancer

Plus le dépistage est précoce, plus les femmes ont une chance de survie proche de 99 % après 5 ans. La prévention est donc l'un des objectifs primordiaux de la recherche en oncologie.

Intercepter les futures tumeurs

La chercheuse Melissa Saichi a été nommée lauréate 2024 du Prix Jeunes Talents L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science, pour ses travaux sur la détection des cancers du sein agressifs. Elle travaille au centre de recherche de l’Institut Curie pour comprendre comment les cellules de la glande mammaire se transforment en un cancer du sein triple négatif. Son objectif est d’« établir des cartes d’identité pour chaque cellule, pour détecter les cellules en train de se transformer et pouvoir les intercepter avant qu’elles ne deviennent des tumeurs ». Dans un but préventif, les outils qu’elle crée pourraient permettre d’identifier des marqueurs plus en amont lors d’une biopsie et peut-être même à partir d’une prise de sang.

Un diagnostic précoce par imagerie

C'est le défi relevé par une équipe de chimistes et biologistes du Centre de biophysique moléculaire du CNRS qui a mis au point une nouvelle sonde d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Cette sonde a permis aux chercheurs de visualiser très clairement par IRM des tumeurs du sein de très petites tailles. En plus de détecter le cancer de façon précoce, cette avancée permettra de mieux comprendre son développement.

Notre approche se base sur la conception, l’étude et la validation de nouvelles sondes qui sont capables de détecter et/ou répondre à des biomarqueurs spécifiques de chaque maladie. Nos nouvelles sondes sont donc "intelligentes ", car leur signal (contraste dans l’image) change lors de cette détection spécifique du biomarqueur en question. 

Sara Lacerda, PhD chimiste, Centre de Biophysique Moléculaire au CNRS

Comprendre la maladie : quelles sont les dernières technologies ?

Les microARN pour mieux comprendre les cellules cancéreuses

Une équipe de recherche de l’Inserm a identifié dans le sang de patientes atteintes d’un cancer du sein un microARN spécifique qui pourrait servir de biomarqueur du risque de développer un cancer secondaire.

Les recherches sur les microARN visent à mieux comprendre les mécanismes moléculaires responsables du comportement des cellules cancéreuses. Elles permettent également d’identifier des microARN circulants capables de pronostiquer le risque de métastases chez les patientes à un stade précoce. Ces travaux nous amènent aussi à comprendre comment utiliser ces connaissances sur les microARN pour proposer de nouvelles stratégies thérapeutiques. 

Margherita Puppo, chercheuse postdoctoral associée, Université Lyon 1 / Inserm

De la médecine nucléaire ?

Il existe désormais des « traceurs » de tumeurs et de métastases dans l’organisme. Il s’agit de molécules faiblement radioactives dites « radiotraceurs », injectées en intraveineuse et qui se diffusent dans le corps des patientes. Objectif ? Obtenir de meilleures images pour repérer et soigner le cancer. Un nouveau traceur très prometteur, utilisé pour la première fois en France par les médecins de l’Institut Curie, est le FAPI (Fibroblast Activation Protein Inhibitor). Il se fixe à des cellules spécifiques du microenvironnement tumoral. Il pourrait mieux repérer les métastases, évaluer et prédire l’efficacité d’un traitement, ou encore détecter précocement une rechute.

Personnalisation des traitements et suivi du cancer

Bloquer les métastases

Des chercheurs d’une unité Inserm, à Grenoble, ont découvert un mécanisme moléculaire qui permet aux cellules de cancer du sein de se déplacer et de conduire à la formation de métastases. Ces travaux vont permettre de bloquer les métastases responsables des tumeurs secondaires, qui diminuent fortement la réponse thérapeutique.

Nous avons découvert, lors de nos récents travaux, un nouveau mécanisme pro-métastatique que les cellules cancéreuses utilisent pour "s’échapper" de la masse tumorale et coloniser d’autres organes. Notre découverte suggère donc que bloquer l’activité de la méthyltransférase SMYD2 prévient l’apparition de métastases. 

Nicolas Reynoird, chef d'équipe "Dynamique de la méthylation des protéines dans le cancer" à l’Institut pour l’avancée des biosciences / CNRS

Un essai prometteur pour le cancer du sein triple-négatif

Une nouvelle étude clinique, Skyline, s'intéresse au cancer du sein triple-négatif, le plus difficile à traiter. L'objectif est de mettre au point de nouveaux traitements et de détecter les rechutes. Le volet thérapeutique va associer deux immunothérapies destinées à « déverrouiller » le système immunitaire en ciblant 2 mécanismes différents mais complémentaires, PD-L1 et TIGIT, par l’atezolizumab et le tiragolumab, en plus de la chimiothérapie et avant la chirurgie (pour les patientes sans métastases).

Cet essai s’inscrit dans le projet IHU « Institut des cancers des femmes » fondé par l’Institut Curie, premier centre européen de prise en charge des cancers du sein, avec l’Université PSL et l’Inserm.

Le rôle de l'intelligence artificielle

Le projet Portrait vise à former des modèles d'apprentissage automatique (machine learning) pour analyser les données des lames de pathologie numériques (images numérisées d'échantillons de tissus de patients). Ces outils de diagnostic plus efficaces permettront aux cliniciens de mieux adapter les traitements aux besoins individuels des patientes à un stade plus précoce de leur maladie et aideront également les oncologues à personnaliser les traitements.

Les équipes ont développé une intelligence artificielle comme aide à la décision thérapeutique chez des patient(e)s atteint(e)s d’un cancer du sein localisé. La prise en charge de ces patient(e)s repose sur la chirurgie suivie d’une chimiothérapie pour diminuer le risque de rechute lorsqu’elles sont à risque élevé. 

Dr Barbara Pistilli, oncologue médicale spécialiste du cancer du sein, cheffe du comité de pathologie mammaire à Gustave Roussy

La biopsie liquide

Une technologie innovante pour suivre la maladie pourrait devenir plus accessible en France et à un plus grand nombre de patients. Il s’agit de la biopsie liquide, considérée comme l’une des avancées majeures des dernières années. Il s’agit de suivre l’évolution d’un cancer par une simple prise de sang et non une biopsie classique. C’est la présence dans le sang d’ADN anormal, produit par les tumeurs, qui est recherchée. L’objectif est d’obtenir un portrait précis du cancer au niveau moléculaire, afin de proposer des thérapies ciblées, mais aussi par la suite de permettre un dépistage précoce.

Nous procédons au séquençage systématique de l’ADN tumoral circulant (biopsie liquide) et parfois des tumeurs pour identifier des altérations génétiques spécifiques. Ce processus permet d'inclure des patient(e)s dans des essais cliniques dédiés aux traitements ciblés en fonction des caractéristiques moléculaires de leur tumeur, optimisant ainsi la personnalisation des soins. 

Dr Barbara Pistilli, oncologue médicale spécialiste du cancer du sein, cheffe du comité de pathologie mammaire à Gustave Roussy

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Interviews de chercheurs : au cœur des dernières actualités

Envie d'en savoir plus ? Des spécialistes en oncologie ont pris le temps d'échanger avec nous sur leurs derniers travaux de recherche et les récentes technologies. Découvrez leurs prise de parole...

Échange avec les équipes de Gustave Roussy, premier centre européen de lutte contre le cancer​​

 

 

Point de vue d'un chargé de recherche à l'Institut pour l’Avancée des Biosciences / CNRS

 

 

Entretien avec des spécialistes de l'Institut national du cancer

 

Paris Saclay Cancer Cluster

Paris Saclay Cancer Cluster est un biocluster, lancé en 2022 dans le cadre de France 2030, visant à catalyser le développement d'un véritable écosystème d'innovation à grande échelle en rassemblant les acteurs clés de l'innovation oncologique au sein d’un site unique. L'objectif est de transformer le paysage de la recherche biomédicale française en regroupant les entreprises, le soin, la recherche et l’innovation de rupture.

 

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