Publié le 12.06.2024

D-Day, la recherche prépare les nageurs olympiques pour le jour J

Le programme de recherche D-Day veille à ce que les nageurs de haut niveau soient au sommet de leur forme pour le jour J : les Jeux de Paris 2024.

SCIENCES ET SPORTS

Comment la recherche peut aider nos nageurs à être à leur meilleur niveau le jour J pour Paris 2024 ? Avec le programme de recherche "D-Day". En natation notamment, la performance est fortement corrélée à l'énergie des athlètes le jour J. D-Day contribue à diminuer le niveau de fatigue sans modifier la condition physique.

Quel est le rôle de la recherche à ce niveau de performances ?

Estimation

Estimer le niveau de fatigue cumulée. Le programme étudie la qualité de sommeil des nageurs, à l'aide notamment d'accéléromètres que les nageurs mettent au poignet avant le coucher. On peut alors témoigner des signes d'agitation pendant la nuit. Autre outil : des capteurs pour enregistrer l'activité cérébrale nocturne.

Validation

Valider des méthodes de diminution de la fatigue. Les chercheurs ont recours à la cryostimulation. Pendant 3 minutes, après chaque entraînement, les nageurs sont soumis à un air à -110 degrés. Les nageurs ont constaté un endormissement plus rapide et un sommeil plus réparateur.

Accompagnement

Accompagner les sportifs vers une routine de récupération adaptée. Il s'agit de proposer aux équipes sportives des outils, des méthodes, des techniques adaptées à chaque sportif, chaque moment de leur vie.

Quel héritage pour ce programme de recherche ?

L'amélioration constatée des performances est de 2 %. Cela peut sembler peu, mais c'est tout l'inverse ! En compétition, la différence entre une 5e et 4e position est de l'ordre de 0,1 % à 0,3 %.

Budget

1,4 million d'euros via un financement par l’État dans le cadre du Programme prioritaire de recherche "Sport de très haute performance".

Un peu de contexte

Selon le modèle systémique de l'entraînement, formalisé par les chercheurs Eric Banister et John Fitz-Clarke en 1993, la performance physique dépend de la différence entre les niveaux de forme et de fatigue.

Afin de programmer une performance maximale durant une saison sportive, il est nécessaire de minimiser le niveau de fatigue tout en maintenant la forme physique. Pour cela, les entraîneurs réduisent souvent la charge d'entraînement avant un événement majeur, mais cela doit être adapté à chaque individu en fonction de leur niveau de fatigue, tout en prenant garde au risque de « désentraînement », préjudiciable à la performance.

Dans ce contexte, d'autres pistes visant à réduire la charge d'entraînement sont envisagées. Celle qui a le plus attiré l'attention des scientifiques et des techniciens au cours des quinze dernières années est l'optimisation de la période qui suit une séance d'entraînement, également appelée période de récupération.

De nombreuses techniques ont été proposées pour raccourcir cette période et accélérer la préparation à la compétition, dont des techniques d'exposition au froid susceptibles d’améliorer la qualité et la quantité de sommeil.

Cependant, certains athlètes présentent des troubles du sommeil, ce qui peut être préjudiciable à leur performance. Il est donc important d'identifier les meilleures méthodes pour améliorer le sommeil des athlètes d'élite, en particulier avant les grandes compétitions.

Le projet D-Day vise à optimiser les trois semaines précédant les Jeux olympiques puis les Jeux paralympiques de Paris 2024, afin de permettre aux nageurs de l'équipe de France d'atteindre leur pic de performance lors de la compétition.

Le programme D-Day

Afin de diminuer le niveau de fatigue sans modifier la condition physique des sportifs, le programme D-Day est articulé autour de trois étapes.

Estimer le niveau de fatigue cumulée

Afin de prévenir les troubles du sommeil, les chercheurs du programme ont dans un premier temps veillé à évaluer la qualité de sommeil des nageurs, en administrant des questionnaires, mais aussi en utilisant des outils et des méthodes connus dans la médecine du sommeil.

Par exemple, les nageurs ont porté des accéléromètres au poignet au moment du coucher, afin d'aider les chercheurs à identifier les mouvements effectués par les athlètes pendant leur sommeil. Autre outil bien connu : des capteurs fixés sur le front pour enregistrer l'activité cérébrale pendant la nuit.

Valider des méthodes de diminution du niveau de fatigue

Le programme a eu notamment recours à la cryostimulation, qui consiste à soumettre les nageurs à des projections d'air froid, à - 110 degrés, et cela pendant trois minutes après chaque entraînement.

Les nageurs ont constaté :

  • une amélioration de la durée du sommeil ;
  • une amélioration de la qualité de régénération ;
  • un endormissement plus rapide ;
  • un sommeil plus réparateur.

Accompagner les athlètes vers une routine de récupération adaptée

Il s'agit de tirer parti des étapes précédentes et de l'expérience accumulée avec chaque mesure et chaque athlète pour individualiser la réponse apportée à leur situation, adapter la routine de récupération pour optimiser les performances de chaque nageur. Les améliorations de la performance constatées sont de 2 % ; un chiffre élevé dans un sport où la différence de performance entre une cinquième et une quatrième place en compétition est de l'ordre de 0,1 % à 0,3 %.

Pour chaque sportif, le programme s'appuie sur trois axes pour personnaliser la routine de récupération :

  • le profil biomécanique (notamment via la mesure de la force du nageur en situation de nage attachée) ;
  • le profil physiologique (en évaluant la fréquence cardiaque, par exemple) ;
  • le profil psychologique (état d'esprit de l'athlète, bien-être, qualité du sommeil)

Doté d'un budget de 1,4 million d'euros, ce programme a bénéficié d'un financement de l’État dans le cadre du Programme prioritaire de recherche « Sport de très haute performance ».

Ce projet est porté par l'Université de Poitiers et associe la Fédération française de natation.

 

Le consortium académique est composé par ailleurs de l'Insep, de l'Institut de Recherche Biomédicale des Armées et du CNRS.

 

En outre, des partenaires appuient le projet : le CREPS de Poitiers et l'entreprise Aurore Concept.