Publié le 03.02.2023

Discours de Sylvie Retailleau à l'occasion de la clôture du colloque "Covid-19 - Bilan et perspectives de recherche" de l'Agence nationale de la recherche

Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a prononcé un discours jeudi 2 février 2023, à l’occasion de la clôture du colloque "Covid-19 - Bilan et perspectives de recherche" de l'Agence nationale de la recherche.

Discours

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Madame la Présidente de Sorbonne Université,
Monsieur le Président-directeur général de l’ANR,
Monsieur le directeur de l’ANRS-MIE,
Mesdames et Messieurs, en vos titres et qualités,

C’est pour moi un plaisir d’intervenir dans ce colloque organisé par l’ANR. C’est l’occasion de saluer l’engagement de tous les acteurs de la recherche dans la lutte contre le Covid-19 !

Permettez-moi de commencer en saluant une démarche : celle du bilan analytique que vous permettez à travers ce colloque. Ce n’est pas un lieu commun de dire que les crises, et le retour d’expérience de celles-ci, permettent continuellement d’avancer. Et si cela est possible, c’est précisément grâce à de telles démarches de bilans.

L’urgence de la crise retombée, les résultats apparus, les comparaisons internationales disponibles, les néo-spécialistes de l’instant repartis commenter d’autres actualités, il est alors possible d’exercer un droit d’inventaire plus apaisé. Les constats y apparaissent parfois moins manichéens et les situations plus riches que l’instantanéité d’un commentaire pouvaient parfois le laisser entendre.

Au-delà du bilan des nombreuses actions et réalisations obtenues grâce au travail de tous, cette pandémie a été l’occasion de faire progresser nos organisations et d’ouvrir de belles perspectives pour la recherche française. Au sortir de ces trois années de pandémie, nous avons collectivement appris à mieux gérer l’incertitude, à la fois dans nos vies professionnelles mais aussi dans nos vies personnelles.

Aujourd’hui, le recul sur l’apparition de l’épidémie nous permet de mettre en lumière l’excellence de la recherche française face au Covid-19. A l’instar des équipes soignantes, l’engagement des acteurs scientifiques français a été majeur et l’a conduit à parfois radicalement modifier sa façon de travailler pour se mettre au service de cet enjeu inédit.

Dès la mi-janvier 2020, avant même l’alerte internationale lancée par l’OMS le 30 janvier 2020, le MESR avec les autres ministères, dont particulièrement le ministère chargé de la santé, a participé à la cellule interministérielle de crise. Parallèlement, une cellule interministérielle de la recherche associant MESR et MSP a été lancée.

Dans ce contexte, l’engagement de l’ANR a été décisif. Ainsi, dès le mois de février 2020, l’ANR, en articulation avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et le consortium REACTing (REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases), s’est résolument inscrite dans l’effort de recherche national pour contribuer à la gestion de la pandémie. Les instruments de financement de l’ANR ont été rapidement activés et adaptés. Ils ont permis de répondre tant à l’urgence de la situation qu’à la diversité et à l’évolution continue des questions scientifiques : mise en place des premières cohortes, développement des outils de modélisation, identification du virus.

C’est ainsi que l’Institut Pasteur, qui coordonne en particulier le centre national de référence sur les maladies infectieuses respiratoires, a isolé la souche de SARS-Cov-2 des premiers patients Covid-19 présents sur le territoire national et mis au point un test de dépistage dès la fin janvier, permettant sa distribution à tous les hôpitaux français avant que des kits commerciaux ne soient disponibles.

Dès la fin du mois de mars 2020, une première série d’actions de recherche a ainsi pu être financée. La création de l’ANRS - Maladies infectieuses émergentes (ANRS - MIE), au sein de l’Inserm, en janvier 2021 a encore mieux structuré ces actions de financement de la recherche.

Les résultats obtenus par les équipes françaises grâce aux financements de l’ANR sont très importants. Les trois appels à projets dédiés lancé par l’ANR (Flash Covid-19, Recherche Action-Covid-19 et Résilience Covid-19) auront permis de financer 279 projets au total. Ces projets ont permis une meilleure connaissance du virus pendant la crise, et ont conduit à un très grand nombre de publications dont certaines dans les plus grandes revues internationales, ainsi que de nombreux brevets.

Il est important de relever que plus de 40 % de ces publications ont inclus un ou plusieurs partenaires internationaux, illustrant le caractère collaboratif de la recherche française sur le Covid-19. Le spectre de la recherche qui a été financé a été large, pas seulement focalisé sur la biologie.

L'ANR a également soutenu des projets de recherche visant à comprendre les impacts psychologiques et sociétaux de la pandémie, ainsi que les réponses à apporter pour améliorer les politiques de santé mentale. La promotion de la recherche sur les impacts socio-économiques de la pandémie, notamment sur les travailleurs, les entreprises et les personnes les plus vulnérables a également été assurée. C’est ici l’interdisciplinarité de la recherche française sur le Covid qui peut être saluée. Un premier bilan réalisé par Science Europe avait montré que la France avait été, avec ses actions, parmi les premières nations à mettre en œuvre des actions de recherche ciblées pour mieux comprendre la pandémie. Ultérieurement, l’OCDE en a également souligné le caractère holistique et essentiel pour aborder les différentes dimensions de la pandémie.  

L’heure du bilan est aussi l’occasion de regarder en face ce que nous avons fait moins bien et de savoir en tirer les enseignements. L’audit flash mené par la Cour des Comptes en juin 2021 a souligné le manque de coordination entre les acteurs de la recherche en situation de crise. L’absence de chef de file pour la mise en œuvre d’une véritable stratégie coordonnée a été pénalisante, notamment en matière de recherche vaccinale. En juin 2020, quelques mois après le début de l’épidémie et des actions de recherche, la nécessité d’une coordination nationale renforcée avait déjà émergé du rapport du Professeur Rossignol sur les essais cliniques en contexte épidémique.

C’est ainsi que le Comité ad hoc de pilotage national des essais thérapeutiques et autres recherches sur le Covid-19 (CAPNET) a été mis rapidement en place, permettant de décerner le label de "priorité nationale de recherche" donnant accès à un processus rapide d’autorisation des essais, et à une recommandation de financement de l’étude pour les acteurs publics. Il faut aussi retenir ces enseignements dans nos réflexions sur l’avenir de la recherche biomédicale française.

La lutte contre le Covid-19 s’inscrit maintenant dans la durée, le temps long ! Je salue l’action de l’ANR pour poursuivre sa mobilisation en soutenant des projets de recherche amont et à plus long terme, que ce soit sur le Covid-19 ou plus généralement sur les maladies infectieuses émergentes, grâce aux possibilités de financement de l’appel à projets générique et en bonne articulation et en complémentarité de l’ANRS - Maladies Infectieuses et Émergentes. Nous avons également lancé une nouvelle impulsion avec la stratégie maladies infectieuses et émergentes de France 2030, en particulier un programme prioritaire de recherche dédié. Ainsi, trois ans après le début de la pandémie mondiale, ce colloque permet de dresser un bilan des actions de recherche des équipes françaises impliquées dans la lutte contre le Covid-19 et de conduire une réflexion sur les leçons tirées de notre expérience pour mieux construire une stratégie d’anticipation et de réponses aux crises sanitaires.

Nous avons une ambition très forte pour la recherche biomédicale. Ce colloque est l’occasion d’illustrer cette ambition dont il faut également assurer la transformation en produits de soin aux services de nos concitoyens. C’est dans cette optique que le Gouvernement se mobilise fortement pour assurer le transfert des résultats de la recherche vers des produits de santé. Cette mobilisation s’est traduite également par la mise en place de l’agence de l’innovation en santé pour accélérer les étapes d’innovation jusqu’à la mise sur le marché.

Beaucoup a été fait et beaucoup reste à faire. C’est cela qui nous anime et qui nous mobilise. Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne fin de colloque et vous remercie encore pour votre engagement dans la recherche.

Je vous remercie.

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Service presse du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR)

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