Publié le 08.07.2022

Discours: inauguration de la plateforme Recherche Data Gouv et remise des prix science ouverte

Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a prononcé, le 8 juillet 2022 à l'Université Paris Cité, un discours à l'occasion de l'inauguration de la plateforme Recherche Data Gouv et de la remise des prix science ouverte.

Seul le prononcé fait foi


Madame la Présidente de l’Université Paris Cité,
Madame la Directrice générale science et innovation d’INRAE,
Monsieur le Président directeur général du CNRS,
Madame la Vice-Présidente numérique de l’Université Grenoble Alpes,
Madame la Présidente de l’Université de Lorraine,
Monsieur le Vice-Président aux écoles doctorales et à la science ouverte de l’Université de Strasbourg,
Monsieur le Vice-Président numérique de l’Université de Lille,
Madame la Vice-Présidente déléguée à la recherche de l’Université de Paris Nanterre,
Madame la Directrice d’Etalab,    
Mesdames les directrices générales,
Mesdames et Messieurs,

La France porte une ambition forte pour la science ouverte. Depuis la parution du premier plan national pour la science ouverte en juillet 2018 nous avons continué à la porter avec, notamment, le lancement du deuxième plan le 6 juillet 2021. Dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, nous l’avons également porté à l’échelle européenne. J’ai présidé le Conseil compétitivité qui, comme vous le savez, a voté à l’unanimité des pays membres les conclusions du Conseil de l’Union sur la science ouverte. Ces conclusions insistent sur trois transformations essentielles : l’évaluation, l’édition scientifique et le multilinguisme.
Pourquoi nous mobilisons-nous tant pour la science ouverte ? C’est peut-être une évidence mais nous touchons là au fondement même de la recherche publique : menée sur fonds publics, elle doit revenir au public, à tous les publics. Cette évidence se traduit par l’obligation d’ouverture des données de la recherche publique, posée par la loi pour une République numérique de 2016 et qui doit désormais se traduire dans les pratiques scientifiques, dans tous les laboratoires, dans toutes les disciplines. Si les données sont bien entendu au cœur du sujet, il s’agit d’ouvrir plus largement notre recherche : codes sources, algorithmes et données forment un tout pour garantir l’honorabilité et la reproductibilité des résultats, au profit d’une science de confiance !


J’entends encore, parmi certaines communautés scientifiques, la crainte d’être « pillé » en ouvrant ses données. Un article enrichi par les données voit pourtant son taux de citation augmenter en moyenne de 25%. Une science plus ouverte, c’est une science qui est plus visible, qui rayonne davantage, c’est donc une recherche française reconnue à sa juste valeur et qui contribue à construire les solutions aux défis de notre temps. La science ouverte est donc une réelle opportunité pour la recherche française pour en améliorer, en profondeur, sa qualité, sa reproductibilité et sa créativité.


Les données de la recherche sont le pilier des connaissances futures. Structurer, conserver mais aussi préserver, partager et ouvrir les données, quand cela est possible, sont autant d’actions qui bénéficient aux progrès de la recherche scientifique. Et cela est valable autant pour les recherches fructueuses qu’infructueuses ! La science ouverte ne doit pas se limiter aux succès : les échecs sont tout aussi importants puisque renseignés, ils évitent de s’y égarer à nouveau.


Il ne s’agit toutefois pas d’attendre de l’écosystème une mue du jour au lendemain !  Cette ouverture nécessite une vraie rigueur : la mise à disposition de la recherche publique et des données à toutes et tous doit se faire avec méthodologie.


Le ministère a la responsabilité d’accompagner l’écosystème face à cette ambition de transformation, et c’est ce que nous faisons avec ce deuxième plan national pour la science ouverte, annoncé il y a tout juste un an par ma prédécesseure. Ce plan porte une ambition forte en terme de préparation, conservation et ouverture des données de recherche et une stratégie de mutualisation des coûts et des efforts. Ce plan pour la science ouverte s’articule également avec la politique des données, des algorithmes et des codes sources, la mère de toute les priorités, comme vient de nous le rappeler Laure Lucchesi. Cette politique des données est nécessaire avant tout travail de préparation des données, pour savoir si elles peuvent être ouvertes et, si oui, comment.


Ensuite, il faut répondre aux besoins d’accompagnement et de services des chercheurs. C’est notamment ce qui nous réunit aujourd’hui, et j’ai l’honneur d’inaugurer le lancement de Recherche Data Gouv, pensée pour soutenir les équipes de recherche dans leur travail de structuration des données pour les rendre Faciles à trouver, Accessibles, Interopérables, Réutilisables, c’est-à-dire conformes aux principes « FAIR ». Bien entendu, des initiatives existaient déjà dans des établissements et dans certains domaines scientifiques se prêtant, il faut le dire, naturellement, aux sciences ouvertes. Je pense par exemple à l’astronomie et l’astrophysique, aux sciences du système Terre et de l’environnement, aux sciences humaines et sociales.


Recherche Data Gouv généralise ce qui se faisait déjà dans certaines disciplines, en s’appuyant sur les communautés et établissements déjà organisés et en intégrant ceux qui veulent se lancer dans le développement de dispositifs d’accompagnement. Recherche Data Gouv fédère, amplifie et structure de manière complémentaire les dispositifs. C’est le point d’accès vers tout l’écosystème français de services et d’accompagnement pour le partage ou d’ouverture.


Ce portail en place, il s’agit d’en faciliter l’appropriation et d’en assurer l’usage en s’appuyant sur trois dispositifs : les ateliers de la donnée, les centres thématiques de référence et les centres de ressources.


Les « ateliers de la données » sont des structures de proximité dans les territoires qui soutiennent les actions des laboratoires. Sylvie Damy a parfaitement illustré tout à l’heure combien cette action de proximité est indispensable, je ne m’y attarderai pas. Six premiers ateliers sont aujourd’hui labellisés, que je félicite pour le travail accompli, et je sais qu’ils seront rapidement rejoints, dès cet automne, par de nouveaux ateliers.


Ces ateliers de la donnée s’appuient sur l’expertise des domaines scientifiques pionniers dans l’ouverture et le partage des données. Ce sont 6 centres de référence thématiques : Huma-Num, Progedo, l’Institut Français de Bioinformatique, Data Terra, le pôle national de biodiversité et le Centre de Données astronomiques de Strasbourg. Tous sont présents aujourd’hui et je tiens à les remercier pour la part qu’ils prennent à l’ensemble de l’édifice d’accompagnement de Recherche Data Gouv.


Au-delà de l’enjeu de préparation des données, j’évoquais le besoin de mutualiser certains coûts. Recherche Data Gouv offre un entrepôt souverain de données pluridisciplinaires à toutes les communautés de recherche dépourvues de solutions pour partager ou ouvrir leurs données.


Avec Recherche Data Gouv, la recherche française se dote d’une vue d’ensemble sur son patrimoine de données ouvertes et partagées. Je remercie INRAE d’avoir accepté de faire bénéficier à tous de son expérience en la matière, en transformant sa plateforme en une solution nationale capable de fédérer nos données ouvertes de recherche. Mes remerciements s’adressent aussi au CNRS qui mobilise ses infrastructures de recherche, expertes dans la diffusion des données. Le GIS Urfist, engagé sur ses enjeux de formation depuis plusieurs années, proposera des parcours de montée en compétences et je les en remercie. Je souhaite souligner l’ambition et l’effort de structuration des compétences entre établissements, auxquels plus de 85 établissements ont répondu, dans un temps très court : je vous en remercie, c’est collectivement que nous réussirons dans cette démarche.


Recherche Data Gouv constitue une des infrastructures de recherche de notre prochaine stratégie nationale et nous nous emploierons à ce qu’elle devienne un des services de l’European open science cloud.


Je tiens également à remercier tout particulièrement les universités de Grenoble Alpes, Strasbourg, Lille, Lorraine, Paris Cité et Paris Nanterre qui, parallèlement à leurs actions d’accompagnement local, ont rejoint l’équipe INRAE pour développer l’entrepôt national de données.


C’est grâce à votre engagement, dans une pratique de partage et d’ouverture des données, que nous relèverons ensemble, plus rapidement, ce défi du partage et de l’ouverture des données.


C’est en donnant à voir toute l’ossature de la recherche que nous rendrons la science pleinement transparente, accessible à toutes et tous, et fertile. Je crois que nous pouvons collectivement être fiers du travail accompli pour ouvrir la science et la recherche françaises. Continuons à poursuivre nos efforts en ce sens, et voyons grand et loin.


Je vous remercie et encore BRAVO.


Est maintenant venu pour moi le moment de vous parler du prix science ouverte des données, et du logiciel libre de recherche. Rappelons que selon le baromètre de la science ouverte, 62 % des publications scientifiques françaises publiées en 2020 sont en accès ouvert. Notre objectif reste d’atteindre 100 % des publications en accès ouvert, mais aussi d’élargir l’accès ouvert jusqu’aux codes sources et logiciels.


Structurer, conserver, partager et ouvrir les données de la recherche sont autant d’actions conduites dans nos laboratoires qui ne sont pas suffisamment reconnues. Nous commençons à faire et à voir bouger les critères d’évaluation. Mais ce chemin vers la reconnaissance de toute la diversité des productions ne fait que commencer. C’est pourquoi nous avons souhaité, dans le deuxième plan national pour la science ouverte, mettre à l’honneur des projets exemplaires en la matière.


Les reconnaître c’est aussi reconnaître tous les métiers et les contributeurs et contributrices de la recherche, car ceux qui les produisent, les décrivent, les documentent et les diffusent ne sont bien souvent pas les chercheuses et les chercheurs eux-mêmes, ou pas tout seuls. Ces contributeurs réalisent un travail précieux, indispensable à tout l’édifice scientifique. Il s’agit bien souvent d’équipes entières réunissant toute une palette de compétences.


C’est donc pour les récompenser et mettre en lumière ce précieux travail que les prix science ouverte ont été créés. Il s’agit cette année de la première édition et ils seront remis tous les ans. L’ensemble de ces prix est doté annuellement de 100 000 euros qui permettent d’apporter aux projets et aux équipes récompensés un soutien financier, en complément de la reconnaissance.


Ces prix sont composés de plusieurs catégories permettant de reconnaître différentes facettes de l’activité autour des données et des codes logiciels. Pour le prix science ouverte du logiciel libre de recherche, c’est plus d’une centaine de projets qui ont été appréciés par un jury présidé par Daniel Le Berre. Pour le prix science ouverte des données de la recherche, le jury présidé par Anne Laurent a examiné plus de 50 candidatures. Je tiens à remercier sincèrement tous les membres des jurys ainsi que leurs présidents, mais également les nombreux déposants, qui illustrent le fort engouement de la communauté de recherche pour l’ouverture de la science à toutes et tous.


Cette première édition des prix science ouverte est également l’occasion d’en dévoiler son trophée.  Il est le fruit d’une collaboration avec l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. La conception de ce trophée était l’objet du projet d’étude de quatre étudiants de l’ENSAD : Alix Nadeau, Rose Vidal, Hugo Bijaoui et Lorris Sahli. Je tiens à les remercier et les féliciter avant qu’ils ne nous révèlent, par une courte vidéo, les secrets de la conception et de la réalisation de ces trophées. Chaque trophée est unique, généré par un code logiciel, diffusé sous licence libre et traduisant le contenu du projet récompensé. Une fois disposés côte à côte, ils forment une sphère symbolisant vos actions qui contribuent à une même science ouverte. Je vais dans quelques minutes remettre les trophées à 18 lauréats, 8 lauréats pour le prix science ouverte des données de la recherche et 10 lauréats pour le prix science ouverte du logiciel libre de recherche. Chacun d’entre eux repartira donc avec une branche du trophée de cette première édition 2022.


A toutes et tous, mes plus sincères félicitations.

 

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