Publié le 04.10.2024

Interview : Guillaume Néry, parrain de la Fête de la science

L'apnéiste Guillaume Néry est le parrain de la Fête de la science 2024. Pour incarner l'événement et le thème de cette édition, « Océan de savoirs », cet amoureux de la mer s'est imposé comme une évidence.

Bonjour, je m'appelle Guillaume Néry. Je suis plusieurs fois champion du monde de plongée en apnée en profondeur et je suis très heureux d'être le parrain de cette Fête de la science 2024.

L'appel des profondeurs ?

L'apnée en profondeur, je pense que tout le monde connait puisque tout le monde a vu le film Le Grand Bleu. C’est à peu près la même chose, sauf que moi je descends et je remonte sans aucune assistance extérieure, c'est-à-dire en palmant, en utilisant juste la force musculaire.

Ton premier déclic avec l'océan ?

La véritable rencontre, le véritable déclic, ça a eu lieu ici dans la rade de Villefranche, alors que j'avais quatorze ans et que j'ai mis un masque. J'ai découvert la profondeur. J'ai découvert cet appel de l'inconnu. Je pense que c'est dans ce bleu profond que ma véritable rencontre a eu lieu.

On dirait de l'amour...

Cette rencontre a tout du coup de foudre, du sentiment amoureux.

Parce qu'à partir du moment où j'ai découvert cette discipline, l'océan et la manière de l'explorer, à savoir en apnée, c'est-à-dire de la manière la plus naturelle possible, ça a occupé toute ma vie, c'est devenu une obsession, c'est devenu une passion, c'est devenu un art de vivre. Donc oui, ça a tout d'une rencontre amoureuse.

Ça fait quoi d'aller au fond de l'océan ?

C'est quand même s'aventurer dans un endroit où on n'est pas très nombreux à aller.

Et donc ça, ça implique forcément une certaine démarche, une certaine, un certain état d'esprit qu'il faut adopter. On ne peut pas y aller n'importe comment. Il y a une obligatoire humilité à adopter parce qu'on se sent tout petit, se sent vulnérable et je pense que ça crée un lien avec la nature, ça crée un lien avec l'eau, avec l'océan.

Pourquoi as-tu voulu être parrain de la Fête de la science ?

Ça a été une évidence pour moi de dire oui, parce que c'est une démarche qui s'inscrit dans la même démarche que celle que j'ai entrepris depuis que j'ai commencé l'apnée, à savoir transmettre, transmettre cette passion, transmettre la flamme, faire découvrir au plus grand nombre. La Fête de la science, c'est un événement qui est extraordinaire parce qu'à l'échelle nationale, ça s'adresse à absolument tous les publics, que ce soit les plus jeunes jusqu'aux personnes les plus âgées.

Il n'y a pas d'âge pour découvrir à quel point la science permet de répondre à tellement de questions qu'on se pose, à quel point ça permet de découvrir, de développer notre curiosité sur absolument tout ce qui nous entoure. Donc oui, pour moi, ça a été comme une évidence.

Science et apnée, un lien fusionnel ?

Je dirais que l'apnée comporte une grande dimension scientifique de par son ADN, à savoir aller explorer un milieu. Pour y parvenir, des métamorphoses, des adaptations du corps humain qui mobilisent la compréhension et la connaissance scientifiques sont nécessaires.

J'ai eu la chance de pouvoir collaborer avec différents médecins, chercheurs dans le domaine de l'adaptation du corps humain en grande profondeur, que ce soit au niveau du fonctionnement du cerveau. J'ai travaillé avec des physiologistes du sport aussi et ce qui était passionnant, c'est qu'on partait presque d'une page blanche parce que l'apnée est une discipline qui est finalement assez récente.

Et dans l'histoire de cette discipline-là, de la plongée en apnée, on a toujours avancé main dans la main avec le monde scientifique, avec parfois les aventuriers du terrain qui ouvraient une porte que la science, derrière, exploitait pour pouvoir établir de la connaissance. Et moi, j'ai toujours aimé cette espèce de relation main dans la main que le monde de l'apnée a entretenu avec le monde scientifique.

Un air de Thomas Pesquet ?

Thomas Pesquet, je pense que c'est aussi ce qui m'anime, on a tous les deux cette envie de faire connaître, de faire ouvrir les yeux, de donner envie aux gens de s'intéresser à toutes les dimensions de ces milieux que l'on ne connaît finalement que très peu. La plongée en apnée, c'est aussi une discipline qui se déroule dans le milieu naturel, dans un écosystème extraordinaire qu'est l'océan.

Personne n'ignore que tous les écosystèmes de notre planète, y compris l'océan, sont en grave danger de par l'activité générée par les humains. On a besoin de la science pour comprendre tous ces mécanismes, pour comprendre ces phénomènes, pour montrer les mauvaises direction dans lesquelles on va et comment justement on peut améliorer les choses. La science, elle permet de pouvoir établir une stratégie, étudier d'abord un milieu et étudier un environnement, Avoir un constat clair qui n'est pas basé sur des croyances mais sur des faits, sur une réalité et surtout derrière savoir quoi faire.

J'ai découvert la profondeur, j'ai découvert cet appel de l'inconnu. [...] Personne n'ignore que tous les éco-systèmes de notre planète, y compris l'océan, sont en grave danger. On a besoin de la science pour comprendre ces phénomènes, ces mécanismes, pour montrer comment on peut améliorer les choses.

Guillaume Néry

Spécialiste de la discipline du « poids constant » (descente et remontée en palmant), Guillaume Néry bat à quatre reprises le record du monde en profondeur et gagne deux fois le titre de champion du monde.

En 2015, après un grave accident survenu lors de la plongée la plus profonde de l'histoire (moins 139m de profondeur), il décide de se consacrer pleinement à la transmission de sa passion via une approche artistique.

Réalisateur de courts-métrages à succès, il partage son expérience et sa passion avec le grand public lors de conférences, et en 2024, lors de la Fête de la science, dont il est le parrain.