Stratégie nationale en intelligence artificielle
La stratégie française en intelligence artificielle (SNIA) s’est déployée en trois phases.
La première « AI for humanity », a été lancée par le président de la République en 2018. Elle a permis de structurer l’écosystème de recherche et d’innovation national grâce à la création d’un réseau de quatre instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA), au soutien à des chaires d’excellence en IA, à des programmes doctoraux et au développement d’infrastructures vitales comme le supercalculateur Jean Zay.
La stratégie a été renforcée par une deuxième phase en 2022 dans le cadre de France 2030, pour diffuser plus largement les usages de l’IA et former davantage de talents. Le renforcement de l’offre de solutions souveraines de pointe en IA vise à soutenir le développement de nos filières industrielles et la reconquête de notre souveraineté numérique. Les efforts se sont concentrés sur une IA soutenable d’un point de vue environnemental, technologique et sociétal (IA frugale, IA embarquée, IA de confiance). Trois leviers principaux ont été activés : la formation et la recherche, le soutien à une offre à l’état de l’art et le rapprochement entre l’offre et la demande en IA.
En 2023, un nouvel axe de la SNIA dédié à l’IA générative a été lancé pour accompagner et accélérer le développement de nos champions nationaux. Cet axe a été éclairé par la parution en 2024 du rapport « IA notre ambition pour la France » de la Commission de l’intelligence artificielle, visant à faire de la France un acteur majeur de la révolution technologique de l’intelligence artificielle. Les premières actions mises en œuvre sur cet axe ont ainsi visé à construire les infrastructures essentielles de l’IA générative (supercalculateurs, modèles de fondation, bases de données valorisant le patrimoine national, briques technologiques en open source pour l’utilisation ou l’évaluation des IA génératives).
La coordination nationale du volet recherche de la stratégie nationale en IA a été confiée à Inria avec la volonté d’une ouverture et d’une implication plus large des acteurs, au-delà de l’écosystème de recherche, aux enjeux de formation, de valorisation et de transfert technologique.
Les principales réalisations de la stratégie nationale pour l’IA
Les clusters IA
Former des talents répondant aux besoins de la filière IA est une priorité du plan France 2030. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) visant à mettre en place des pôles d’excellence pour la formation et la recherche en IA de visibilité internationale (IA-clusters) a ainsi été lancé dans le cadre de la stratégie nationale pour l’IA. Les neuf IA-clusters lauréats de l’AMI sélectionnés en 2024 bénéficieront de 360 M€ de financement de France 2030 sur cinq années. Parmi les lauréats figurent les quatre instituts interdisciplinaires en intelligence artificielle (3IA), PRAIRIE, MIAI@Grenoble-Alpes, ANITI, 3IA Côte d'Azur, qui ont déjà construit et structuré une offre de formations d'excellence s’appuyant sur une recherche de pointe, avec une approche pluridisciplinaire et un programme de transfert en IA ambitieux. L’Université Paris Saclay, l’Université de Lorraine, l’Université de Rennes, Sorbonne Université et l’Institut polytechnique de Paris viennent compléter la liste des lauréats.
Le programme et équipement de recherche en IA
Le lancement, le 25 mars 2024, d’un Programme et équipements prioritaires de recherche (PEPR) en intelligence artificielle. Coordonné par Inria en partenariat avec le CEA et le CNRS, il a pour ambition de structurer les communautés de recherche autour de défis scientifiques stimulants et de faire émerger des technologies de rupture bénéficiant à l’ensemble des acteurs français du domaine : 45 M€ ont déjà été accordés à neuf projets d’envergure pilotés par l’un des établissements ou organismes suivants : Inria, CEA, CNRS, Paris Sciences et Lettres, Université de Lorraine, École Centrale de Lyon, Université de Rennes.
L’infrastructure de calcul et son environnement
Dans le domaine de l’IA générative et en particulier des grands modèles de langues, le supercalculateur Jean Zay a permis l’entrainement de nombreux modèles dont la taille a été multipliée par un facteur 1 000 en trois ans, passant de 137 millions de paramètres (FlauBERT) à 176 milliards de paramètres (Bloom, entrainé sur 400 GPU A100 de Jean Zay pendant 3,5 mois). L’augmentation en 2024 des capacités du supercalculateur Jean Zay va permettre aux chercheurs en IA de rester au meilleur niveau international et de renforcer l’écosystème industriel français de l’IA dans des conditions souveraines. En complément du financement du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sur le programme 172, les 40 M€ du plan France 2030 (PIA) vont permettre de multiplier par quatre les capacités de calcul de Jean Zay afin de pouvoir entraîner des modèles d’IA dits « de fondation » et des modèles d’IA génératifs spécialisés.
La formation en IA
Afin de répondre à la demande de formation en IA, l’État a financé à hauteur de 87 M€ les 14 premiers lauréats de l’appel à projets « Compétences et Métiers d’Avenir » dédiés à la massification du nombre de formés en IA sur l’ensemble du territoire national.
L’IA générative
Afin d’encourager le développement de l’IA générative dans l’économie française et de maitriser l’ensemble de la chaîne de valeur de cette technologie, des appels à projets ont été lancés. Par ailleurs, la France pilote un consortium regroupant plus de la moitié des États membres de l’Union européenne pour la création d’un centre d’expertise européen dédié à l’ingénierie et l’expérimentation de modèles d’IA générative.
Dynamiser la recherche en IA à l’ANR
L’ANR a financé des projets de recherche collaboratifs en IA de type génériques, sur des thématiques appliquées de l’IA et sur deux thématiques spécifiques :
- Intelligence artificielle pour les futurs réseaux
- Machine Learning Operations, Génie Logiciel pour l’Intelligence artificielle
Le budget consacré par l’ANR à ces projets en 2024 est de l’ordre de 28 M€.
Communs numériques pour l’IA
Pour assurer son autonomie stratégique, la France a toujours fait le pari de l’open source, qui permet de mettre à disposition du plus grand nombre les briques technologiques favorisant le déploiement de l’IA dans nos entreprises et administrations. La Stratégie nationale pour l’IA consacre ainsi un budget de 32 M€ au renforcement de la bibliothèque open source Scikit-learn et au développement d’outils sur l’ensemble du cycle de la donnée.
Renforcer les coopérations bilatérales, européennes et internationales
La France s’investit dans la préparation de la stratégie IA européenne et bâtit une stratégie partagée avec l’Allemagne.
Sa position est alignée avec la stratégie européenne en matière d’intelligence artificielle qui vise à faire de l’UE un leader mondial dans ce domaine tout en garantissant la sécurité et les droits fondamentaux.
Le couple franco-allemand est particulièrement performant en matière de recherche, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle.
- Renforcement de la collaboration franco-allemande.
- Soutien à une stratégie ambitieuse de l’Europe en IA.