Et est venue la pandémie COVID-19. En l’espace de quelques semaines, la France s’est peuplée d’épidémiologistes, tant l’envie de comprendre et d’analyser la situation était grande. Il a fallu aborder les notions complexes de risque individuel et collectif, de chaînes de transmission, de dynamiques exponentielles, et d’immunité collective. Il a fallu expliquer que nous n’étions pas tous égaux devant la maladie, et qu’il fallait prendre en compte l’évolution spontanée de la maladie pour apprécier l’efficacité d’un traitement. Il a fallu pour les scientifiques apprendre à dire « je ne sais pas », ou plus généralement « nous ne savons pas ». Il a fallu expliquer que le temps de la recherche scientifique n’était pas toujours compatible avec l’urgence sanitaire, et donner des horizons de temps pour l’évolution des connaissances. Il a fallu affronter ceux qui « savaient », les pseudo-scientifiques auto-proclamés qui avaient réponse à tout.
Maintenant que le plus dur de la crise pandémique est derrière nous, qu’en est-il resté de l’image de la science au sein de la population ? Il est encore trop tôt pour le dire, et les passions ne sont pas toutes retombées. Je voudrais juste témoigner, en tant que scientifique, de l’extraordinaire mobilisation qu’a connue notre communauté à l’échelle planétaire. Nous avons appris à travailler ensemble, plus vite, et mieux. Il y a déjà plus de publications scientifiques sur la COVID-19 qu’il n’y en a sur le SIDA. Un vaccin a été produit et évalué en moins d’un an, ce qui paraissait impensable au début de la pandémie. Espérons que toute cette énergie pourra être recanalisée sur les grands enjeux du futur, notamment autour de l’impact des changements climatiques et environnementaux, et que nous saurons travailler avec la population pour une meilleure adhésion aux bouleversements à venir.