Dans ce contexte, le dialogue science-société doit être pensé comme une infrastructure de recherche (voir Merzagora, JCOM 16 (02), 2017). Une infrastructure capable de construire et dynamiser des interfaces entre tous les acteurs de la société de la connaissance : académiques, industriels mais aussi ceux de la société civile, y compris ce qu’on appelait autrefois « public ». Une infrastructure qui permet aux citoyens de se saisir des enjeux contemporains et d’y participer, mais surtout qui permet aux chercheurs professionnels de mieux comprendre la société dans laquelle ils opèrent et de profiter de la richesse qu’elle offre.
Ces infrastructures de dialogue devraient à mon avis faire partie des composants essentiels de chaque université, au même titre que les bibliothèques ou les centres de calcul. Des signaux et des exemples vertueux existent – living-lab, sciences participatives, co-recherche – mais ils restent rares et timides. Plus souvent, on observe une tendance à rhabiller l’ancien avec des noms nouveaux, vidant le mot « dialogue » de tout son sens. Nous pouvons parler de dialogue science-société seulement si le monde de la recherche est disponible à changer, à se laisser influencer. Cette ouverture reste rare : combien d’institutions ont compris l’intérêt de prendre au sérieux le « partenariat » entre université et acteurs de la société civile, sans réduire à une externalisation de compétences ce qui devrait être une internalisation d’intelligences ?
Dans un moment où, plus que jamais, la société a besoin d’une recherche forte et autonome, et de chercheurs soutenus et protégés, l’ouverture à la société et la confiance de la recherche dans les citoyens (et pas uniquement l’inverse !) sont des conditions nécessaires pour qu’universités et institutions de recherche restent pertinentes et adaptées au monde dans les décennies à venir.