S’il est une chose que la pandémie de Covid-19 a bien mise en évidence, c’est la difficulté pour le public de comprendre le processus évolutif et auto-correcteur de la recherche scientifique. Au Québec, on a vu plus d’une fois le Directeur national de la santé publique, le Dr. Horacio Arruda, renier la semaine suivante ce qu’il affirmait la semaine d’avant. Le masque était d’abord inutile, avant de devenir incontournable. Idem pour le lavage des mains. La science était-elle confuse ? Manquait-elle de rigueur ? Nous cachait-on des choses ? Non, on assistait tout simplement à la science qui se fait et qui évolue au rythme de nos connaissances nouvelles.
Trop souvent à l’école, on présente la science comme un ensemble de faits qu’il faut accepter comme parole d’évangile. On saupoudre bien ici et là quelques faits historiques, le plus souvent pour souligner la persévérance et les difficultés rencontrées par les grands savants du passé (majoritairement des hommes blancs travaillant seuls dans leur laboratoire), mais rarement, sinon jamais, rend-on explicite la part de doute, les culs-de-sac, les erreurs (parfois fécondes !) et les remises en question qui séparent l’intuition de départ de la démonstration scientifique. Encore plus rarement décrit-on l’important travail d’équipe que requiert de plus en plus la recherche scientifique moderne. Or, c’est ce processus auquel le public a assisté depuis mars 2020, mais auquel il n’avait nullement été préparé.
Ce qui vaut pour l’école vaut aussi pour la communication et la médiation scientifique. À mon avis, un important travail d’épistémologie est nécessaire au niveau du dialogue entre sciences et société, afin de ramener dans le discours public cette idée que la science est un processus humain en constante évolution et que les savoirs scientifiques ne doivent pas être considérés comme la vérité absolue, mais bien comme le fruit de nos meilleures connaissances, ici et maintenant.