Publié le 29.05.2024

Le Mexique et le sport, invités de la 13e édition du Festival de l'histoire de l'art

Du 31 mai au 2 juin 2024, le Festival de l'histoire de l'art réunit au château de Fontainebleau amateurs et professionnels de la discipline, porté par l'Institut de l'Histoire de l'art (INHA) et le Château de Fontainebleau sous l'égide du ministère de la Culture. Rencontre à quelques jours du lancement de cette édition "sportive" qui accueille le Mexique.

Je suis Veerle Thielemans, la directrice scientifique du Festival de l'histoire de l'art.

Je suis Fabien Lacouture, je suis historien de l'art, moderniste et je suis le programmateur scientifique du festival.

Comment est né le festival ?

Veerle Thielemans : Le festival est né il y a 13 ans. C'était un souhait du ministre de la culture à l'époque, Frédéric Mitterrand, de créer un grand événement pour montrer en quoi consiste l'histoire de l'art. Parce que c'est vrai que c'est une discipline avec différents types de métiers qui ne sont pas toujours connus. Le public connaît bien ce qui se passe au musée, peut-être un peu moins ce que font les chercheurs, les universitaires. Et puis c'était aussi un moyen de réunir, de fédérer la communauté des historiens de l'art. Tout est accessible, gratuit, à part les séances cinéma. C'est unique, il n'y en a pas d'autre, ni en France, ni en Europe, ni dans le monde.

Pourquoi avoir choisi le Mexique pour cette édition ?

Veerle Thielemans : On trouvait intéressant d'inviter un pays latino-américain parce que l'histoire de l'art aujourd'hui c'est vraiment mondial ou global et le Mexique est un pays fascinant, une vraie plaque tournante avec une très ancienne, plusieurs anciennes civilisations. On parlera beaucoup de métissage mais aussi des communautés indigènes et on aura 23 Mexicains, des chercheurs, des directeurs du musée, des conservateurs, des artistes qui viennent pour justement représenter le pays.

Fabien Lacouture : Pourquoi le Mexique ? Parce que pour l'histoire de l'art, ça semble aussi être un choix évident et en même temps peu évident. Évident parce qu'on connaît des grandes figures, on connaît Frida Kahlo, on connaît Diego Rivera, on connaît évidemment les Aztèques, mais aussi très peu évident parce qu'il y a plein d'autres choses, plein d'autres figures, il y a Orozco, des sculpteurs olmèques... Bref, beaucoup d'autres choses qu'on va découvrir au festival.

Comment concilier art et sport ?

Veerle Thielemans : Art et sport, au début on s'est dit, houla ! Ça va être très difficile, mais finalement on s'est rendu compte qu'en regardant, même à partir de l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, qu'il y a toujours eu des images autour du sport, même si on l'appelait les Jeux Olympiques.

Fabien Lacouture : Le sport est un fait social global, il touche tout le monde, il touche toutes les couches sociales, il touche les lieux également, l'architecture. Donc l'idée de lier art et sport, au-delà du contexte de 2024, était finalement extrêmement nécessaire car le sport et l'art ont à se parler.

Veerle Thielemans : Donc ça a ouvert des champs assez ludiques, parfois aussi politiques, parce que le sport a souvent été associé à la propagande, etc. Donc c'est pour ça que, puisque notre optique c'est de regarder l'art à travers un contexte de société, que c'était un sujet très très riche à développer.

Ouvrir le dialogue avec la société

Né d'une volonté politique de faire découvrir la discipline au plus grand nombre, le Festival de l'histoire de l'art réunit chaque année depuis 2011, la communauté scientifique et le grand public, au château de Fontainebleau à travers une programmation thématisée et un pays invité.

L'histoire de l'art, c'est le socle de la culture ; et pour mieux comprendre la culture, il faut aussi la situer dans son histoire. 

Veerle Thielemans, directrice scientifique du festival de l'histoire de l'art

Jeux olympiques et paralympiques obligent, cette édition est placée sous le signe du sport et accueille historiens, conservateurs, artistes, étudiants mexicains pour parler des communautés indigènes, de métissage, de transmission et de création.

Quant au programme, il offre des cours d'histoire de l'art ouverts à tous, conférences, tables rondes, visites guidées grâce à la médiation des étudiants de l'École du Louvre, des performances artistiques, un séminaire à destination des professionnels et étudiants, de nombreuses projections de films (payantes quant à elles), etc. C'est également l'occasion de découvrir l'une des plus anciennes salles de jeu de paume encore en activité, ou la rénovation récente de l'emblématique escalier en Fer-à-Cheval du château.

La thématique du sport a ouvert des champs assez ludiques, parfois aussi assez politiques, parce que le sport a souvent été associé aussi à la propagande, etc. Puisque notre optique c'est de regarder l'art à travers un contexte de société, c'était vraiment un sujet très riche à développer. 

Veerle Thielemans, directrice scientifique du Festival de l'histoire de l'art

L'idée de lier art et sport, au-delà du contexte de 2024, était extrêmement nécessaire car le sport et l'art ont à se parler. 

Fabien Lacouture, chargé de programmation du Festival de l'histoire de l'art

Bourse de mobilité étudiante

Depuis 2021, une bourse de mobilité a été mise en place par l’Institut national d’histoire de l’art. Elle permet à des étudiants (hors Ile-de-France), quelle que soit leur spécialité de découvrir la discipline de l’histoire de l’art et ses métiers. En participant au festival ils ont ainsi l’opportunité de rencontrer et d'échanger avec d’autres étudiants, chercheurs, mais aussi des collectionneurs, artistes et professionnels.

D’une valeur de 150 euros, elle est ouverte à 100 étudiants en niveau Licence (de L1 à L3) inscrits dans un cursus universitaire ou une école hors Ile-de-France afin d'assister à plus de 250 événements dans le cadre du festival.

Rencontre avec Veerle Thielemans et Fabien Lacouture, membres de l'équipe scientifique du festival

Le Festival rappelle que la discipline est vouée à susciter l'ouverture sur le monde et la curiosité, deux qualités que nous ont partagées les membres de l'équipe scientifique qui élabore cette édition.

Veerle Thielemans, directrice scientifique 

Veerle Thielemans est docteure en histoire de l'art spécialiste de la peinture française du XIXe siècle.
Diplômée de l'Université Catholique de Louvain (Belgique) et ancienne élève de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris), elle a soutenu sa thèse de doctorat à l'Université Johns Hopkins (Baltimore, États-Unis). Après vingt ans passés à la Terra Foundation for American Art dont elle fut directrice des Programmes Académiques, elle a pris la tête de l'équipe dédiée au festival au sein de l'Institut national d'histoire de l'art en décembre 2018.


Fabien Lacouture, chargé de programmation

Fabien Lacouture est docteur en histoire de l'art moderne de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chercheur associé à l’HICSA/Paris 1 et ancien étudiant de l'École Normale Supérieure de Paris. Il est l'auteur d’une thèse portant sur les représentations de l’enfant dans la peinture d'Italie du nord et d'Italie centrale de la première modernité. Il a par ailleurs été chercheur postdoctoral en 2020-2021 au département d'Italian Studies de l'Université de Toronto. Il a intégré l'équipe dédiée au festival en tant que chargé de programmation scientifique à l’automne 2021.

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