Depuis sa création en 2001, le prix Irène Joliot-Curie œuvre en faveur de la promotion des femmes dans l’univers des sciences, de la recherche et de la technologie. En plus de deux décennies, ce prix a récompensé plus de 60 femmes scientifiques aux parcours exemplaires tant dans la recherche publique que privée, et ce dans toutes les disciplines scientifiques.
Cette année, le prix évolue en mettant à l’honneur trois jeunes femmes scientifiques au lieu d’une dans la catégorie « Jeune Femme scientifique ».
Les prix sont décernés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, avec le soutien de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies qui en constituent le jury. Pour cette 22e édition, le jury, présidé par Catherine Cesarsky, membre de l’Académie des sciences, a choisi de récompenser :
Prix de la « Femme scientifique de l’année »
Anne Canteaut
Directrice de recherche en informatique à Inria, ses travaux de recherche mêlent plusieurs domaines de l’informatique : la cryptographie, l’algorithmie, la théorie de l’information et les mathématiques discrètes. La majorité de ses travaux portent sur les algorithmes de chiffrement, l’analyse de la sécurité des chiffrements existants et la conception de nouveaux chiffrements. Elle obtient en 2021 le trophée de la « femme cyber chercheuse » européenne par le Cercle des femmes de la cybersécurité. Elle est également engagée en faveur de la place des femmes en recherche et en informatique. Elle est intervenue auprès de classes de collèges et de lycées à l’occasion des « Rendez-vous des jeunes mathématiciennes et informaticiennes » et a participé à la création du concours de cryptanalyse Al-Kindi, qui compte aujourd’hui 60 000 participants.
Elle recevra une dotation de 40 000 euros.
Prix « Femme, recherche et entreprise »
Marilena Radoiu
Directrice de recherche en Génie Chimique et Environnement et fondatrice de l’entreprise Microwave Technologies Consulting SASU, elle commence à s’intéresser à la technologie micro-onde et ses applications au cours de sa thèse en radiochimie et matériaux nucléaires. Elle se passionne pour le développement de nouvelles technologies non-conventionnelles, dont les micro-ondes, qui ont le potentiel de révolutionner de nombreux secteurs industriels, tels que la chimie, la pétrochimie, l’agroalimentaire et la santé. Son travail de lancement d’équipements assistés par micro-ondes pour l’industrie a été reconnu au niveau international et récompensé par des prix nationaux et internationaux dont : le prix Rustum Roy (2016), la médaille AMPERE (2019) et le prix Femme de R&D, Trophées des Femmes de l’Industrie (2019). Elle est particulièrement investie dans l’encadrement et la formation de jeunes scientifiques et participe à l’organisation de portes ouvertes et activités « hands-on » avec les groupes scolaires et les familles pour la diffusion des sciences.
Elle recevra une dotation de 20 000 euros.
Prix « Jeune femme scientifique »
Virginie Galland Ehrlacher
Ingénieur de l'École Polytechnique et Ingénieur des Eaux, Ponts et Forêts depuis 2007, elle est aujourd’hui chercheuse et professeure au CERMICS, laboratoire de mathématiques appliquées de l’École Nationale des Ponts et Chaussées. Ses travaux de recherche portent sur le développement et l’analyse mathématique de nouvelles méthodes numériques efficaces pour la résolution de problèmes de grande dimension et multi-échelle issus de divers domaines en science des matériaux, notamment la chimie quantique ou la dynamique moléculaire. Ses travaux participent à la résolution de problèmes concrets du secteur industriel : elle a par exemple collaboré avec EDF sur l’accélération de la simulation de composants de robinetterie du circuit hydraulique de refroidissement de centrales nucléaires. Elle est également intervenue auprès de classes de collèges dans le cadre du projet « Mathématiques : nom féminin ? » de l’association LAPS/équipe du matin pour aborder la question de la place des femmes dans les filières mathématiques et les freins qu’elles peuvent rencontrer.
Claire de March
Chargée de recherche CNRS en chimie du vivant, ses travaux de recherche portent sur la compréhension de la complexité de la perception des odeurs au niveau moléculaire dans une approche transdisciplinaire : science des arômes, analyse sensorielle, chimie computationnelle, biologie cellulaire et biochimie. Elle se forme d’abord au métier d’aromaticienne puis à celui d’analyste sensoriel avant de réaliser une thèse sur l’étude par chimie computationnelle des récepteurs olfactifs à l’Université Côte d’Azur. Ses travaux ont notamment permis d’identifier le réseau complet d’acides aminés qui communiquent à travers l’ensemble de la structure des récepteurs olfactifs lors de leur activation et plus récemment l’identification de la toute première structure expérimentale d’un récepteur olfactif humain. En parallèle, elle est devenue co-responsable de la cellule « égalité, parité, inclusion » de l’Institut de Chimie des Substances Naturelles en 2023.
Laurette Piani
Chargée de recherche CNRS en géologie et cosmochimie au Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques de Nancy (CNRS/Université de Lorraine), ses travaux de recherche portent sur l’origine et l’évolution des éléments volatils dans le Système solaire jeune. Elle mène une partie de sa carrière scientifique à l’Université d’Hokkaido au Japon. Laurette Piani est également responsable scientifique de la plateforme analytique « sonde ionique LG-SIMS-Nancy », Instruments nationaux de l’INSU, seule plateforme en France à posséder des sondes ioniques. Elle obtient la médaille de bronze du CNRS en 2021 pour ses travaux sur l’origine de l’eau et des volatils dans le Système solaire. En parallèle de sa recherche, elle est notamment responsable du pôle Nancéien de l’association Les P’tits Cueilleurs d’Étoiles, dont l’objectif est de faire découvrir le monde de l’espace et des étoiles aux enfants hospitalisés afin d’améliorer leur quotidien.
Elles recevront chacune une dotation de 20 000 euros.
Prix spécial de l’engagement
Enfin, le « Prix spécial de l’engagement » récompense cette année une femme scientifique particulièrement investie dans la sensibilisation et l’orientation des filles et des jeunes en général vers les sciences. Ce prix fait l’objet d’un processus de sélection différent par rapport aux années précédentes : le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est en charge de la constitution et de l’organisation du jury de sélection des candidates.
La lauréate du
« Prix spécial de l’engagement » sera annoncée début 2024 recevra une somme d’un montant de 40 000 €.