Les spécificités de l’École Universitaire de Kinésithérapie
Jusqu’à récemment, l’École Universitaire de Kinésithérapie, l’EUK CVL, était la seule école de kinésithérapie en France, qui soit une composante à part entière d’une université.
Depuis 2019, et son adossement à l’université d’Orléans, elle propose une formation conférant au grade de Master : le Diplôme d’Etat de Masseur- Kinésithérapeute. Le cursus en a été transformé, pour se rapprocher des modes de formation et d’évaluation des étudiants de l’enseignement supérieur et aussi en médecine.
L’établissement expérimente aujourd’hui la pédagogie par blocs de compétences, et a repensé les modalités d’évaluation de ses étudiants.
Les ECOS, les Examens Cliniques Objectifs Structurés, sont un mode d’évaluation déjà utilisé en médecine depuis quelques années : ils permettent d’évaluer des compétences en situation clinique, ainsi que la capacité d'un candidat à agir en milieu professionnel. Ils complètent l’évaluation des connaissances théoriques et cliniques validées sur les lieux de stage. L’école a donc décidé de les mettre en place pour ses étudiants.
La mise en œuvre des évaluations par blocs de compétences
La formation de kinésithérapie est une formation en alternance. En dernière année surtout, les étudiants doivent effectuer un « clinicat », d’où l’importance de pouvoir les évaluer en situation professionnelle. Les ECOS répondent à ce besoin au niveau facultaire : tous les candidats font face à la même situation et doivent effectuer la même tâche, dans un même délai, lors d'une session unique.
L’évaluation se déroule avec des « patients standardisés » pour jouer un scénario spécifique d’une vignette clinique donnée aux étudiants. Comme les simulations dans les études en santé sont de plus en plus courantes, les étudiants ont déjà expérimenté des situations avec des acteurs jouant le rôle d’un patient et ne sont pas déstabilisés.
Les ECOS sont organisés dans des salles de cours aménagées en fonction des scénarii, transformées par exemple en cabinet libéral, chambre d'hôpital, etc., appelées « stations ». L’évaluation est proche de la situation professionnelle qu’ils vont rencontrer pendant l’exercice de leur métier. Elle est reproductible, standardisée, avec une objectivité maximale.
Les étudiants ont le même temps imparti dans chaque « station ». Ils ont exprimé leur satisfaction, tout en reconnaissant que l’exercice était stressant car chronométré.
L’organisation des ECOS dans l’école
Lors de l’examen, il y a quantitativement 11 compétences à évaluer, 5 salles disponibles, et 100 étudiants à faire passer la même journée, en parallèle, avec deux circuits. L’organisation des ECOS implique et fédère l’ensemble des personnels de 7h à 19h pendant trois journées complètes (L3, M2 et session de rattrapage). Aucune erreur ne doit se produire. Le timing est serré, et la chorégraphie précise, dans laquelle chacun a un rôle à jouer. Si l’organisation de cet examen est chronophage (il se prépare sur plusieurs mois) et difficile à mettre en place, il fédère toutes les équipes, administratives comme pédagogiques.
Afin de rendre l’évaluation encore plus objective, le lien avec les tuteurs de stage ont été renforcés : lors des examens de juin 2024, deux évaluateurs seront présents par station, un enseignant de l’école et un tuteur de stage. Il y a donc désormais une double évaluation, par un enseignant de l’école et par un clinicien.
Premiers bilans et perspectives
Les ECOS ont fait la preuve de leur utilité et de leur efficacité. Il est à noter que cette formation universitaire, et le mode d’évaluation de ses étudiants, a contribué à renforcer les collaborations au sein de l’école mais aussi entre l’école et les terrains de stage.
Elle démontre parfaitement qu’une école universitaire peut professionnaliser des étudiants, que « l’universitarisation » des études paramédicales et en santé en général n’est pas antinomique avec des études professionnalisantes.