Publié le 22.07.2019

Normes et standards pour soutenir le développement du numérique dans l'éducation

Les normes s'avèrent indispensables pour faire connaître, partager et échanger de façon transparente des contenus et des savoirs sur les réseaux numériques. Elles rendent visibles de façon équitable les offres de qualité.

Un enjeu pour le système éducatif

Dans un univers mondialisé où les cursus de formation comprennent des échanges internationaux, les normes contribuent à :

  • l'interopérabilité ;
  • la compatibilité ;
  • la sécurité.

Outils de mise en œuvre des politiques publiques, elles s'avèrent indispensables pour faire connaître, partager et échanger de façon transparente des contenus et des savoirs sur les réseaux numériques. Elles rendent visibles de façon équitable les offres de qualité. Les pouvoirs publics français, qui mènent une politique pour favoriser le déploiement à large échelle de dispositifs utilisant les TIC pour :

  • l'éducation ;
  • la formation ;
  • les apprentissages.

Souhaitent que les projets s'appuient sur un ensemble de références françaises dérivant de la normalisation internationale et s'intégrant dans la dimension européenne. Les universités françaises, engagées dans une transformation profonde, doivent appréhender et intégrer des normes pour atteindre ces objectifs.

Un engagement au sein de l'AFNOR

L'édition d'une norme suit plusieurs étapes, souvent sur plusieurs années, et constitue le résultat d'un consensus entre les pays participants. C'est à l'AFNOR que l'État français confie la mission de :

  • traduire ;
  • adapter ;
  • disséminer.

Une norme que notre pays aurait décidé de mettre en application. Une convention biannuelle lie le ministère de l'Éducation Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche à l'AFNOR pour :

  • définir les thèmes de travail du gouvernement ;
  • la participation aux instances internationales ou européennes.

Dont émanent les normes et standards du domaine. Le travail est conduit par des experts de l'éducation au sein de la commission CN 36 de l'AFNOR, miroir de la sous-commission JTC1/SC 36 de l'ISO.

L'Organisation internationale de normalisation (ou ISO), est un organisme de normalisation international composé de représentants d'organisations nationales de normalisation de 165 pays. Dans cette instance, un travail de fond a été engagé pour initier, construire et publier des normes et standards dans le domaine des technologies de l'information pour l'éducation, la formation et l'apprentissage.

La France participe à de nombreuses thématiques, autant d'actualité que prospectives :

  • modèles pour le ePorfolios ;
  • les référentiels de compétences ;
  • livres numériques éducatifs ;
  • learning analytics ;
  • opendata ;
  • linked datas.

Des enjeux sociaux, politiques et juridiques sont associés au e-learning :

  • accessibilité et équité pour tous ;
  • identité et vie numérique de l'apprenant et des enseignants ;
  • protection des données personnelles et de la vie privée des étudiants et apprenants (surtout mineurs) ;
  • droits numériques et propriété intellectuelle sur les contenus et sur les outils ;
  • circulation des contenus à valeur ajoutée ;
  • modélisation des compétences et formation tout au long de la vie ;
  • mobilité des étudiants ;
  • description et dissémination des offres de formation.

Qu'elles soient d'ordre technologique, visant les services ou la qualité, ces normes et standards concernent l'ensemble du système éducatif, du scolaire au supérieur, allant jusqu'à la formation continue ou tout au long de la vie.

Les métadonnées : un exemple de réussite de l'implication du système éducatif français

Parmi les travaux en cours dans l'univers normatif pour l'éducation, une priorité importante est donnée au développement des métadonnées dans le système éducatif. Elles mènent à l'augmentation de la connaissance sur les ressources éducatives produites et le socle vital de leur diffusion contextualisée. Les avancées déjà obtenues avec la norme LOM-FR largement diffusée (Sco-LOM-fr pour le scolaire, Sup-LOM-fr pour le supérieur) doivent être consolidées. Elles ont permis :

  • la structuration des bases de ressources académiques et pédagogiques ;
  • l'organisation de leur diffusion dans un contexte sans cesse évolutif du web de données.

La poursuite du travail engagé sur la nouvelle norme MLR (ISO 19788) reste une priorité car elle doit permettre de décrire les ressources e-learning en tenant compte des usages du web sémantique. Les langages du Web Sémantique (RDF, OWL, SKOS) et les informations disponibles dans la mouvance des "Linked Open Data" montent en puissance. Cela impose de s'inscrire rapidement dans cette mouvance pour diffuser, largement les descriptions des ressources pédagogiques. L'implication d'experts français, entre autres en tant qu'éditeurs, a permis la prise en compte des besoins de notre système éducatif (parmi lesquels, le passage à l'ISO d'éléments ajoutés dans le LOM-FR car nécessaires aux besoins de la communauté éducative française).

Les travaux internationaux conduisent à poursuivre l'élaboration de toutes les parties du MLR, celles contenant :

  • les éléments de données ;
  • les profils d'applications ;
  • les "bindings" (règles d'implémentation dans des langages informatiques).

Sans cette étape indispensable, les normes ne peuvent se diffuser autant qu'elles le pourraient.

Spécifier des métadonnées de façon indépendante de toute solution technique/informatique particulière permet à cette spécification de rester pertinente quand les technologies changent. D'un autre côté, il faut décrire précisément la façon dont les normes de métadonnées doivent être implémentées dans différentes solutions techniques. Sans cela, le traitement automatique/informatique de celles-ci sera grandement compromis ainsi que l'expansion de leur utilisation.

Les Québécois ont déjà redéfini leur profil d'application Normetic en tant que profil d'application du MLR. Il serait utile de redéfinir aussi le LOM-FR en tant que profil d'application du MLR pour faciliter les échanges de métadonnées entre francophones (et donc les échanges de ressources). Les mécanismes du MLR permettent de faciliter la mise en correspondance des métadonnées, mécanismes quasi-impossibles avec le seul LOM.

Ce sujet représente toujours une priorité d'investissement importante pour la normalisation en réponse aux enjeux d'interopérabilité et de réutilisabilité.

Auteur(s)

Philippe Portelli
  • Directeur du pôle des usages du numérique
Université de Strasbourg