Publié le 20.06.2023

PAUSE : le programme qui soutient les chercheurs et artistes contraints à l'exil

Depuis 2017, le programme national PAUSE, soutenu par le MESR, protège et accueille chercheurs et artistes ne pouvant plus poursuivre leurs activités dans leur pays d’origine en raison de guerres, de persécutions politiques, de censures... Il favorise leur accueil sur des périodes suffisamment longues pour leur permettre de s’insérer, poursuivre leurs travaux et mettre à l’abri leur famille.

Kateryna Dotsenko : Je suis devenue en France et j'ai cherché du travail comme chercheuse ; j'ai trouvé le programme Pause. Je connaissais déjà l'Institut Pasteur, j'ai trouvé un lien entre le programme pause et l'Institut Pasteur. Je suis ukrainienne, je suis venue en France en février 2022. 

Laeiq Ahmadi : Mon nom est Laeiq Ahmadi. Je viens d’Afghanistan. Je suis arrivé ici en 2022. Je travaillais comme chef du département Archéologie à l’université de Bamiyan.

Kateryna Dotsenko : Je m’appelle Kateryna Dotsenko, je suis ukrainienne. Je suis arrivée en France en février 2022.

Laura Lohéac : Je suis Laura Lohéac, la directrice exécutive du programme Pause, le programme d'accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil.

Kateryna Dotsenko : Je suis venue en France avec ma mère de 70 ans et ma fille, maintenant j'habite à Paris. Paris c'est une belle ville, j'adore Paris !

Laura Lohéac : Pause a été créé en 2017 à l'initiative du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Il est porté par le Collège de France et vise à accueillir dans des universités des centres de recherche, des écoles d'art, des artistes et des scientifiques en exil, qui fuient leur pays.

Kateryna Dotsenko : Avant la guerre dans mon pays, je travaillais au Centre National des Sciences à l'Institut de médecine vétérinaire expérimental et clinique comme chercheuse.

Laura Lohéac Le programme cofinance des institutions d'accueil, écoles d'art, universités ou centres de recherche qui recrutent des chercheurs. Le programme finance à hauteur de 60 % du budget et les établissements 40 %, ce qui veut donc dire un engagement fort de leur part. Ces budgets comprennent à la fois le recrutement avec l'idée effectivement qu'ils ont les mêmes salaires que tout un chacun, et puis ça peut être aussi de l'aide au logement, de l'aide aussi de la formation notamment linguistique puisque c'est un enjeu essentiel pour l'intégration.

Laeiq Ahmadi : J’ai eu des échanges de mail avec mes amis en France pour trouver une manière de venir ici. Pour continuer mon parcours académique.

Kateryna Dotsenko : Aujourd'hui, je travaille à l'Institut Pasteur dans un laboratoire dynamique des interactions de hôte-pathogène. Je suis en France depuis peu de temps, je trouve que la recherche française maintient un haut niveau d'excellence. 

Laeiq Ahmadi : Je suis doctorant à l’Université Paris Nanterre. Si je peux continuer mon parcours académique ma priorité est ici en France.  J’y ai des amis. Pour moi, la France est ce qu’il y a de mieux. 

Laura Lohéac Depuis 2017, le programme Pause a financé plus de 500 artistes et chercheurs accueillis dans plus de 120 établissements répartis dans toute la France. Ils viennent de 34 pays différents. Jusqu'en 2022, la majorité d'entre eux venaient du Moyen-Orient. En 2022, dans le contexte de la guerre en Ukraine, quelques jours après l'invasion le programme a mis en place avec le soutien du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et du ministère de la Culture, deux fonds d'urgence : l'un pour les scientifiques, l'autre pour les artistes. Dans le cadre de ces fonds d'urgence le programme a pu soutenir plus de 180 personnes.

Kateryna Dotsenko : Chaque matin, je vois les drapeaux de la France et du l'Ukraine sur le bâtiment de l'Institut Pasteur et c'est très important pour moi.

Laeiq Ahmadi : Le programme PAUSE m’a mis sur la bonne voie pour continuer mon parcours académique. Sinon je n’aurais pas de travail, ou je travaillerais dans un restaurant.

Le programme PAUSE en chiffres

Créé au sein du Collège de France en 2017, PAUSE, le programme national d'accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil, soutient chercheurs et artistes contraints à l'exil grâce à des financements incitatifs. Ces personnes sont accueillies dans des établissements d’enseignement supérieur, de recherche ou des institutions culturelles en France.

Le programme, en lien avec les établissements, accompagne les lauréats dans leurs démarches quotidiennes et leur insertion socio-professionnelle.

566scientifiques lauréats du programme (PAUSE) depuis sa création en 2017 

187scientifiques en provenance d'Ukraine bénéficiaires du fonds d’urgence solidarité Ukraine créé en mars 2022

133établissements partenaires sur tout le territoire français accueillant des lauréats issus de 34 pays différents

(Chiffres actualisés en 2024)

Témoignages

Dans le reportage ci-dessus, nous sommes allés à la rencontre de Laura Lohéac, directrice exécutive de PAUSE, et de deux lauréats qui ont intégré le programme en 2022, suite aux crises qui ont touché leurs pays respectifs.

Kateryna Dotsenko, 37 ans, est ukrainienne, elle est accueillie en tant que chercheuse à l’Institut Pasteur au sein de l’Unité de Dynamique des interactions hôte-pathogène. Son mari est mobilisé sur le front ukrainien. Elle vit à Paris avec sa fille de 5 ans, scolarisée à l'école maternelle, et sa mère. 

Laeiq Ahmadi, 35 ans, est afghan, anciennement chef du département d'archéologie de l'Université de Bamiyan, il est à présent accueilli en tant que doctorant au sein du laboratoire UMR 7041 - Archéologies et sciences de l'Antiquité de l’Université Paris Nanterre. Il vit à l'ouest de Paris en compagnie de sa femme, chercheuse et elle aussi lauréate du programme, et de leurs deux enfants.

Les deux lauréats apprennent le français à l'Alliance française et poursuivent leur intégration socio-professionnelle en France.

Les actions du programme PAUSE

La sélection des profils s'effectue via des 3 appels à candidature par an. Puis, les lauréats sont accueillis pour une année, leur contrat étant renouvelable une fois ; les doctorants peuvent bénéficier d'une troisième année sous conditions.

3 appels à candidature par an

2fonds d’urgence solidarité Ukraine en réponse à la crise ukrainienne

187scientifiques ukrainiens bénéficiaires du programme (chiffres actualisés en 2024)

Le programme coordonne l'accueil des lauréats à travers :

  • le cofinancement des établissements projetant d’accueillir un ou une scientifique contraint(e) à l’exil à travers trois appels à candidatures annuels ;
  • l'identification d’un établissement d’accueil ;
  • le soutien pour l'accès aux services de droit commun ;
  • l'accompagnement des lauréats à l’issue du programme vers une insertion professionnelle durable ;
  • des actions de plaidoyer pour défendre les libertés académiques et artistiques et protéger les scientifiques et les artistes en exil ;
  • des échanges avec des programmes homologues étrangers et avec les acteurs européens et internationaux qui œuvrent en faveur des scientifiques et des artistes en danger.

Objectif : faire preuve de réactivité face aux crises

Avant l'année 2022, la majorité des lauréats étaient originaires du Moyen-Orient. En réponse à la crise ukrainienne, depuis mars 2022, deux fonds d’urgence solidarité Ukraine ont été mis en place :

  1. l'un à destination de la communauté scientifique,
  2. l'autre à destination des artistes.

Au total, ce sont 187 chercheurs ukrainiens qui ont bénéficié du programme PAUSE, à la fois via le fonds d’urgence et des appels à candidatures postérieurs.

Site du programme

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