Le 24 août 1994, un accord-cadre en avait fixé les modalités sous l’égide du Ministère français des Affaires Étrangères et de deux institutions mexicaines, le Secrétariat à l’Éducation Publique (SEP) et le Conseil National de la Science et de la Technologie (CONACYT). En France, le programme ECOS est aujourd’hui sous la double tutelle du MEAE et du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR). La volonté, dès l’origine, a été d’appuyer des projets communs de recherche et de développer les échanges de doctorants. Ceci, dans tous les champs disciplinaires, à l’image de ce qui faisait avec le Chili depuis 1992 et avec l’Uruguay depuis 1993. Une ambition qui a porté ses fruits, si l'on tient compte des 329 projets financés, des 3.023 missions accomplies et des 450 thèses de doctorat soutenues, de 1994 à 2023. À ce titre, le Mexique est aujourd’hui le principal partenaire d’ECOS Nord, aux côtés de la Colombie et du Pérou qui ont rejoint le programme par la suite.
Une enquête récente de la Délégation aux Affaires Européennes et Internationales (DAEI) du MESR, auprès de 87 porteurs français de projets ECOS Nord Mexique, a permis d’analyser la dynamique du programme. Sa qualité scientifique repose sur un taux de sélection raisonnable : de 2006 à 2022, il a été de 29 %. Par ailleurs, si l’on considère les projets retenus entre 2018 et 2024, 70 % ont été le fruit de coopérations bilatérales antérieures, ce qui prouve bien leur degré de maturité. L’éventail des disciplines demeure large mais signale pour la période 2006-2022 une nette prépondérance de la physique-chimie (26 %), de la biologie-santé (20 %) et de l’agronomie (20 %). La répartition géographique des projets montre l’importance croissante des coopérations décentralisées même si les régions capitales de Mexico et de Paris ainsi que deux régions, l’Occitanie et le Nuevo León, continuent de figurer en tête du palmarès. Enfin, l’effet de levier du programme est remarquable : 93% des porteurs interrogés ont dit l’impact décisif que ces 4 ans de financement avaient eu dans la poursuite de leur recherche. Signalons à cet égard qu’à l’issue de leur participation à ECOS Nord Mexique, 32 % d’un panel de 88 doctorants français (2006-2022) ont obtenu un contrat post-doctoral tandis que 20 % ont été titularisés comme chercheurs ou enseignants-chercheurs.
Une délégation du comité ECOS Nord s’est donc rendue au Mexique du 8 au 18 avril 2024 : le président du programme, son responsable administratif ainsi que quatre coordinateurs disciplinaires ont veillé à promouvoir le programme à Mérida, Monterrey, México, Vera Cruz et Xalapa, à l’occasion de la tournée doctorale « Ton doctorat en France ». Cette action s’est effectuée en parfaite synergie avec l’Institut Français d’Amérique latine (IFAL), le Consulat général de France à Monterrey et les différentes délégations régionales de Campus France.
À Mérida, l’Université Autonome du Yucatan (UADY) a accueilli le comité. De nouvelles candidatures au programme ECOS Nord ont pu être envisagées, notamment dans le domaine de l’archéométrie. À Monterrey, une importante réunion a eu lieu à l’Université Autonome du Nuevo León (UNAL) : les sciences de l’ingénieur et les sciences politiques y ont été à l’ordre du jour. À l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM), ainsi qu’à l’Institut Polytechnique National (IPN) de Mexico, l’ensemble des champs disciplinaires a été envisagé. À l’Université Autonome du Mexique (UAM), les représentants des sciences sociales ont montré un intérêt particulier pour le programme. Enfin à l’Université Veracruzienne de Xalapa, l’archéométrie et la chimie ont été à l’honneur.
Le 11 avril, la célébration des 30 ans du programme a constitué le point d’orgue de cette mission. Au siège de l’ANUIES, à Mexico, l’événement a réuni une cinquantaine de participants : un grand nombre de bénéficiaires passé et présents du programme s’est joint à aux différents représentants du CONAHCYT, de l’ANUIES et de plusieurs instances françaises de la coopération scientifique.
Une première table-ronde a rappelé l’historique du programme et a attiré l’attention sur ses résultats dans le domaine de la chimie et des sciences sociales. La représentante du CONAHCYT a insisté sur la nécessité d’articuler la science aux défis du monde actuel et de continuer à favoriser des projets transdisciplinaires.
Une deuxième table ronde a été consacrée aux résultats de l’enquête du DAEI (MESR) sur la période 2018-2024. Celle-ci a suscité un véritable engouement et a lancé le débat sur les mécanismes mêmes du programme.
Une troisième table ronde a permis de présenter les résultats les plus marquants dans le domaine de la santé, de la physique, des mathématiques et de la linguistique puis, finalement, des sciences de l’univers et de l’agronomie.
Une dernière table ronde a été explicitement consacrée aux perspectives futures. La représentante de l’IRD au Mexique a suggéré la possible régionalisation du programme ; l’attaché de coopération scientifique de notre ambassade à Mexico a réfléchi sur les synergies institutionnelles à développer et, enfin, le président du comité a exprimé le souhait de favoriser au mieux la transdisciplinarité que le Mexique appelle plus que jamais de ses vœux.
ECOS Nord est une pièce majeure de la coopération scientifique entre le Mexique et la France. L’enthousiasme suscité par la célébration des 30 ans du programme permet de penser qu’il gardera ce statut dans les années à venir et sera même appelé à le conforter.