Contexte
Il existe en République Populaire de Chine un réseau national d'universités ouvertes, placé sous l'égide du ministère de l'éducation. Autrefois nommée "Université Centrale de Radio et de Télévision de Chine", elle est devenue l'Université Ouverte de Chine et compte aujourd'hui 3,59 millions d'inscrits, dont :
- 200 000 étudiants en zone rurale ;
- 100 000 militaires ;
- 6000 étudiants handicapés.
L'université ouverte de Shanghai constitue un cas à part car elle s'est affranchie de ce réseau au début des années 1980. À cette époque, Shanghai assuma un nouveau rôle dans presque tous les domaines, y compris celui de l'éducation. La ville de Shanghai est alors devenue un territoire pilote et a réformé le curriculum à deux reprises : en 1988 et 1998. La réforme la plus importante a concerné l'autorisation pour Shanghai de proposer un examen indépendant d'entrée dans l'enseignement supérieur. En 1981, sept établissements d'enseignement supérieur, dont l'Université Télévisuelle de Shanghai, participent à un projet pilote d'examens locaux. La mise en place de cette mesure est effective dès 1985 et amorce ainsi la tendance progressive à la décentralisation.
De la télévision éducative à l'université ouverte
L'Université Ouverte de Shanghai a été fondée en 1960. Très vite fermée suite à la révolution culturelle, elle n'est rétablie qu'en 1978, date à laquelle elle intègre le réseau national des universités de radio et de télévision. Implantée au cœur d'une mégalopole puissante, elle devient la Shanghai TV University : la STVU. Une fois affranchie du réseau national, elle passe sous l'égide de la municipalité qui la finance. Les liens avec la ville s'accentuent. L'université mène alors des missions utiles à la municipalité, telle que l'évaluation des compétences informatiques des citoyens de la ville. La STVU s'inscrit ainsi dans un projet plus large de "ville intelligente".
À l'image de la ville qui l'administre, la STVU s'ouvre progressivement au monde. En 1997, elle devient ainsi institution hôte du programme UNITWIN de l'UNESCO sur les questions d'apprentissages ouverts et à distance. Un an plus tard, la STVU reporte le prix King Hamad Bin Isa Al-Khalifa de l'UNESCO pour son projet "Transformer le fossé numérique en opportunité numérique : projet de construction du système numérique d'apprentissage tout au long de la vie à Shanghai". En 2000, plusieurs institutions fusionnent pour fonder le groupe "Éducation à Distance de Shanghai". En 2004, la première promotion d'élèves issue de ce regroupement obtient un baccalauréat à distance. La STVU rejoint alors la station de télévision éducative de Shanghai. En 2012, la mutation est effective. La STVU change officiellement son nom et devient l'Université Ouverte de Shanghai.
Un vecteur de la démocratisation de l'enseignement
En accord avec les objectifs d'une éducation équitable et accessible à tous, l'université se fixe comme objectif d'étendre son accès aux populations fragiles, en particulier aux personnes handicapées, aux personnes âgées, aux prisonniers et aux travailleurs migrants. Fin 2013, les apprenants travailleurs migrants, inscrits de façon régulière, représentaient 36 000 étudiants, soit 33,5 % de l'effectif total. Outre ces inscrits, 280 000 travailleurs migrants ont reçu une formation ponctuelle à distance via l'université. Shanghai est effectivement l'un des principaux lieux d'accueil des travailleurs migrants en raison de ses activités industrielles et commerciales. Les statistiques de 2006 indiquaient que 80 % des enfants migrants étaient d'âge d'être scolarisés.
En ce qui concerne la formation diplômante, l'Université comptait un effectif de :
- 1310 étudiants handicapés ;
- 850 étudiants prisonniers ;
- 251 étudiants retraités.
Incluant la grande banlieue de Shanghai et certaines zones rurales, l'Université Ouverte de Shanghai comprend un siège social et 40 branches régionales, permettant de couvrir des zones plus reculées. L'Université met ainsi en œuvre son slogan : "Pour tous les apprenants, tout pour les apprenants" ("All for learners, all for learners").
Au cœur d'un réseau de formation professionnelle et international
L'Université se veut un centre névralgique de la formation continue et a noué des relations avec un ensemble d'institutions dédiées à la formation des adultes, tels que des établissements secondaires d'enseignement professionnels ou des entreprises. Elle cherche ainsi à répondre aux besoins du développement de la ville en s'adaptant à des exigences commerciales et industrielles. Citons à titre d'exemple les spécialités de premier cycle, telles que :
- l'ingénierie mécanique et électronique ;
- l'ingénierie informatique ;
- la gestion de la sécurité publique urbaine.
L'université cherche enfin à étendre son réseau à l'international en proposant des programmes de visites internationales.