Ariane : un succès européen
L’histoire d’Ariane est jalonnée de succès qui ont donné à l’Europe son autonomie stratégique dans le domaine du transport spatial. Le programme s’appuie à l’origine sur l’expérience acquise par le CNES dans les années 1960, qui a permis de développer les lanceurs Diamant. En 1973, 10 pays européens s’unissent au sein de l’Agence spatiale européenne pour produire un nouveau lanceur.
1979
Cette coopération donne naissance à Ariane 1, premier lanceur lourd à 3 étages capable de placer en orbite des satellites géostationnaires de près d’une tonne, dont le vol inaugural a lieu, le 24 décembre 1979, depuis la base spatiale de Kourou, en Guyane. Dès lors, les lanceurs de la filière n'ont cessé d'évoluer, passant d'une capacité d'emport sur orbite de transfert géostationnaire d'1,7 tonne pour Ariane 1 contre 10 tonnes pour le modèle le plus puissant d'Ariane 5. Des performances rendues possibles grâce aux améliorations techniques constantes apportées au lanceur : l'ajout de propulseurs d'appoint à poudre et liquide pour Ariane 3 ou encore l'augmentation du volume de la coiffe sur Ariane 4.
1982
En 1982, Ariane se lance sur le marché des vols commerciaux et rencontre alors un succès à l'échelle internationale.
Le programme intègre rapidement des améliorations pour accroître les performances du lanceur, donnant naissance à Ariane 2 et Ariane 3 dans les années 1980. Ces lanceurs sont bâtis sur le même modèle que leur prédécesseur mais possèdent des moteurs plus puissants et une capacité d'emport de carburant plus importante.
1988
Six ans plus tard, la première Ariane 4 décolle et propose 6 versions permettant de répondre avec une grande souplesse aux demandes y compris à celles du marché commercial, des moteurs supplémentaires sont ajoutés aux trois étages et la capacité de charge utile est multipliée par trois.
Entre 1988 et 2003, Ariane 4 décollera plus de 100 fois. En quelques années, le lanceur parvient à conquérir 60 % du marché mondial des lancements commerciaux.
En 15 ans, les lanceurs Ariane 1 à 4 ont ainsi transporté plus de la moitié des satellites commerciaux du monde entier.
1996
Développé pour accompagner l’augmentation du poids des satellites, Ariane 5 double la capacité d’emport de son prédécesseur à partir de 1996 : 10 tonnes en orbite géostationnaire et jusqu’à 21 tonnes en orbite basse.
Avec Ariane 5, l'Europe maîtrise la propulsion cryogénique et confirme sa prééminence sur le marché des lancements spatiaux commerciaux civils, malgré la vive concurrence des États-Unis, de la Russie, de la Chine et du Japon.
Le lanceur Ariane 5 repose sur très haut niveau de fiabilité, avec l'objectif de :
- garantir en toutes circonstances à l'Europe un accès indépendant à l'espace ;
- permettre à l'Europe de disposer d'un lanceur compétitif pour les lancements doubles vers l'orbite géostationnaire.
Au terme d’une carrière exceptionnelle de 27 ans et 119 vols, le lanceur s’est imposé comme l’un des plus fiables du monde. Depuis sa création, la famille des lanceurs Ariane a ainsi forgé le symbole de l’excellence scientifique, technologique et industrielle de l’Europe.
Ariane 5 en chiffres
Des missions scientifiques de haut vol
En quatre décennies, les différentes versions d’Ariane ont accompagné dans l’espace de nombreuses missions scientifiques, depuis le lancement du satellite météorologique Meteosat 2 par Ariane 1, en 1981.
Le lanceur a notamment placé sur orbite la sonde européenne Giotto, partie survoler la comète de Halley, et SPOT-1, premier satellite français d’observation de la Terre. Ariane 4 poursuit sur cette lancée en complétant les familles Meteosat et SPOT, ou encore en emportant, en 1992, le satellite Topex/Poseidon, qui inaugure la filière française d’excellence dans l’altimétrie spatiale. Citons encore Hipparcos, mission d’astronomie destinée à mesurer la position et le mouvement des étoiles.
Parmi les lancements emblématiques d’Ariane 5, figurent en particulier celui de la sonde Rosetta, envoyée explorer la comète Tchouri en 2004, et trois missions de ravitaillement de la Station Spatiale Internationale avec le véhicule de transport européen ATV. Ariane 5 a aussi lancé la mission d’exploration de Mercure Bepi-Colombo, en 2018, le télescope de la NASA James Webb, le plus puissant jamais envoyé dans l’espace, ou encore, en avril 2023, la mission JUICE vers les lunes de Jupiter.
Ariane 6, nouveau lanceur lourd européen
Ariane 6 prend la relève de son prédécesseur. Modulaire et polyvalent, le lanceur Ariane 6 dispose d'un étage supérieur réallumable lui permettant de lancer plusieurs missions sur différentes orbites en un seul vol, soit :
- lancement de constellations de satellites,
- lancement de satellites scientifiques,
- des satellites de positionnement Galileo et d'observation de la Terre en orbite basse ou moyenne,
- tout en proposant l'emport d'un satellite unique en orbite géostationnaire.
Ce nouveau lanceur conçu par les équipes du CNES, de l'Agence spatiale européenne (ESA), sera mieux adapté au lancement des satellites gouvernementaux et commerciaux, grâce à ses 2 versions : Ariane 62 et Ariane 64, la possibilité de rallumer son étage supérieur et la maîtrise de ses coûts de production. Cette flexibilité, rendue possible par la présence du moteur Vinci ré-allumable sur l’étage supérieur du lanceur, constitue l’évolution majeure du lanceur par rapport à Ariane 5. C'est ArianeGroup qui assure le développement des lanceurs.
Le premier vol d'Ariane 6 a eu lieu le 9 juillet 2024 depuis le Centre Spatial Guyanais.
Voir ou revoir le lancement inaugural d'Ariane 6
Le futur a déjà commencé
Alors qu’Ariane 6 démarre sa vie opérationnelle, l’Europe prépare déjà le futur du transport spatial. Les nouvelles générations de lanceurs devront encore réduire leurs coûts d’exploitation et leur impact environnemental. Plusieurs démonstrateurs sont en cours de développement, tel que le prototype de lanceur réutilisable Themis, qui sera propulsé par le moteur européen à bas coût Prometheus.
Lors du sommet spatial de Séville, en 2023, les 22 États membres de l’ESA ont renouvelé leur engagement en faveur de l’Europe spatiale afin de développer les lanceurs les plus compétitifs, en soutenant un nouveau modèle économique et industriel basé sur la mise en concurrence d’acteurs privés européens.
Lire aussi : Acteurs de la politique spatiale européenne