Publié le 24.11.2023

Campagne de communication

"Sans oui, c'est interdit"

Dans le cadre du Plan national de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et la recherche, le ministère déploie sa campagne nationale de communication sur le consentement.

Sans Oui, c'est interdit

Contexte

Depuis 2017, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est pleinement engagé dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS), en lien avec les établissements, les associations et le milieu de la recherche. C’est dans ce cadre que le ministère a lancé en 2018 une première campagne de communication spécifique à l’enseignement supérieur et à la recherche, afin d’accompagner la mise en place progressive de dispositifs de signalement sur les campus. 

Malgré des actions renforcées et une amorce de prise de conscience collective, les universités et les grandes écoles sont encore trop souvent sous le feu des projecteurs pour des faits de VSS. C’est pourquoi il est apparu nécessaire d’intensifier les efforts déjà engagés, à travers le lancement d’un Plan national de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et la recherche 2021-2025. Composé de 21 mesures, ce plan pluriannuel mobilise une enveloppe budgétaire inédite de 7 millions d’euros et vise à franchir une nouvelle étape dans la prévention et la prise en charge des situations de VSS.

Parmi les actions phares de ce plan figure le lancement d’une campagne nationale de communication sur la notion de consentement.

Une campagne co-construite avec l’association Sexe & Consentement

Afin de construire cette campagne, le ministère s’est rapproché de l’association Sexe & Consentement, forte de son expérience de terrain et des nombreuses actions de formation et de sensibilisation réalisées auprès de la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche depuis plusieurs années. 

Construire une culture commune autour du consentement

Le développement d’une communication au niveau national est indispensable à la construction d’une culture commune autour du consentement et de la lutte contre les VSS dans l’enseignement supérieur et la recherche. C’est l’objectif de cette campagne : interpeller, questionner et sensibiliser la communauté sur la notion de consentement.

Cette campagne est mise à disposition de toutes et de tous : les établissements publics et privés d’enseignement supérieur sont invités à s’en saisir et à la faire vivre dans leur enceinte, en lien avec les associations étudiantes et l’ensemble de leur communauté.

Kit de communication

Le ministère met à disposition un kit de communication composé des éléments suivants :

  • jeux d’affiches formats A3 et 40x60 ;
  • des formats pour affichages dynamiques ;
  • des supports adaptés aux réseaux sociaux (format story, Instagram, X, facebook) ;

La campagne de l'automne 2023 présente deux nouveaux visuels et oriente le message sur l'altération du consentement, notamment dans le cadre des événements étudiants festifs, par exemple d'intégration.

Témoignage d'un psychiatre sur les questions du consentement

On sait que dans 91 % des cas, la victime connaissait son agresseur. Ça veut dire que le plus souvent, ça va être un ami, un collègue, une connaissance, et même, dans un tiers des cas, le ou la partenaire.

Je m'appelle Ivan Berquiez, je suis médecin psychiatre et formateur chez l'association Sexe et consentement.

Il y a des chiffres récents qui montrent qu'il y a 100 000 étudiants par an qui sont victimes sexuelles sur les campus. Ça représente environ 270 personnes par jour. La moitié des ces agressions ont lieu pendant les trois premiers mois à l'université, c'est ce qu'on appelle la zone rouge. Ça correspond à cette période où on vient d'arriver à la fac, on ne connaît pas forcément beaucoup de gens, peut-être que la ville est nouvelle... Bref, on a un peu perdu nos repères et donc on est plus vulnérables.

On veut combattre l'idée reçue selon laquelle le viol, ça se passe nécessairement dans une ruelle sombre et il y a un inconnu qui nous saute dessus. Ça veut dire que le plus souvent, ça va être un ami, un collègue, une connaissance et même, dans un tiers des cas, le ou la partenaire.

Dans l'écrasante majorité des cas, les agresseurs sont des hommes, que ce soit pour des violences commises envers des femmes ou envers des hommes.

Les conséquences pour les victimes, elles peuvent être très graves, en termes de santé mentale, avec un risque de dépression ou d'état de stress post-traumatique, et aussi sur la qualité de vie et la scolarité.

L'université, c'est un milieu merveilleux, où on apprend plein de choses, on découvre plein de personnes, on apprend à se connaître. Après, on sait aussi qu'il y a des conditions qui favorisent ces situations d'agression. Dans les soirées étudiantes, souvent, il y a beaucoup d'alcool et de drogues, ce sont des substances qui risquent de modifier notre capacité à donner notre consentement ou à le rechercher chez les autres. À l'université, il y a beaucoup de rapports d'influence, que ce soit entre les étudiants plus âgés et les étudiants plus jeunes, ou entre le personnel enseignant, éducatif, administratif et les étudiants. Donc forcément, ça créé des sortes de rapports de force et on peut subir une forme de pression et on ne peut plus donner son consentement de manière vraiment libre.

Comment faire pour s'assurer qu'on va avoir un consentement libre, éclairé et répété à chaque étape ? Déjà, on va demander le "oui" de façon toujours explicite et on va rechercher un "oui" qui va être enthousiaste. Ça veut dire pas un "oui" qui va être hésitant ou un peu contrit , mais vraiment un "oui" qui relève d'une envie réelle. On vous conseille aussi de garder l'habitude de poser des questions qui peuvent être très simples : "Comment tu te sens ?", "Est-ce que tu veux ça ?", "Est-ce que je peux ça ?", "Qu'est-ce qui te plaît ?", "Est-ce que tu veux faire une pause ?", Qu'est-ce que tu as envie qu'on expérimente ensemble ?". L'idée, c'est donc d'apprendre à écouter et à respecter les limites de son ou sa partenaire, mais aussi ses propres limites et donc aussi à accepter le "non".

On peut souvent avoir l'impression que le consentement et demander le consentement, c'est quelque chose de lourd, quelque chose qui va casser l'ambiance, une histoire de contrat qu'on va devoir signer, avec plein de clauses, avant chaque relation sexuelle. Évidemment, ce n'est pas du tout le cas. En fait, ça peut au contraire être hyper léger, hyper fun, même sexy, pour vraiment élaborer une relation de confiance. Quand on voit les conséquences potentielles qu'il y a dans les situations de non-consentement, c'est sûr qu'il vaut mieux prendre l'habitude de toujours le demander.

Si vous êtes dans une situation un petit peu de doute, il vaut mieux reporter le rapport sexuel, c'est-à-dire que vous échangez vos numéros. Si l'attirance est là, de toute manière, et ça doit se faire, ça se fera. Donc donnez-vous l'opportunité de faire en sorte que ça se fasse dans les meilleures conditions possibles. En clair, apprendre à demander, écouter et respecter.

Points de vues d'étudiant(e)s sur le consentement

Corentin : C’est la base. Avant même le plaisir, il y a le consentement.

Alice : Je m’appelle Alice et je suis étudiante en sciences politiques et en droit public.

Corentin : Je m’appelle Corentin, j’ai vingt ans et je fais un master d’enseignement en anglais.

Shana : Je m’appelle Shana, j’ai 21 ans. Je suis étudiante en management de projet.

Antoine : Antoine, j’ai 23 ans et je suis en école d’ingénieur.

Question : C’est quoi pour toi le consentement ?

Corentin : Le consentement pour moi c’est un accord explicite entre deux personnes, d’avoir une relation intime ou sexuelle.

Antoine : S’assurer que lorsque tu es avec un ou une partenaire sexuel(l)e, la personne en face de toi est bien d’accord pour aller dans l’acte et toi aussi.

Question : Tu connais la définition officielle ?

Shana : Ah non.

Corentin : Non.

Alice : Le consentement c’est un accord mutuel qui doit être libre, éclairé et répété à chaque étape.

Question : Quand t’as pris de la drogue ou de l’alcool, quelle place a le consentement ?

Alice : Il y a aussi beaucoup de comportements je pense notamment en soirée, qui sont aussi dû à l’effet de groupe. Et ça ne veut pas dire pour autant qu’il est moins important.

Antoine : Si jamais il y avait une meuf ou un mec qui te plaît, t’attendras la prochaine soirée où tu seras un peu moins bourr(é)e.

Question : En soirée, y a-t-il plus de risques de passer outre le consentement ?

Corentin : Oui.

Shana : Ah oui ! Beaucoup plus de risques en soirée. On est beaucoup plus exposé(e)s à de potentielles altercations ou potentiels dangers.

Antoine : Si tu ne t’occupes pas du consentement quand t’es bourr(é)e, c’est que potentiellement, à un moment dans ta vie, où tu ne vas pas t’en préoccuper quand tu n’es pas bourr(é)e.

Question : Est-ce que quelqu’un a déjà été insistant en DM ?

Alice : A titre personnel, ça m’est déjà arrivé, mais ce n’est pas quelque chose de récurrent.

Antoine : Moi je ne me fais pas DM sur les réseaux. Donc ça facilite les choses !

Corentin : C’est des messages de drague, mais un peu lourds : 
-    "Qu’est-ce que tu fais ce soir ?", "Je ne sais qu’on ne se connaît pas mais je suis sûr(e) que tu serais content de me connaître."
-    "Non, ça ira !"

Shana : Je me demande s’il y a déjà eu un retour positif à ces messages-là. Je ne crois pas.

Question : Comment faire comprendre que c’est non ?

Corentin : Je pense que c’est plus dur en vrai que par message. Par message on a le recul, on a le temps de dire "non" ou de juste ne pas répondre.

Alice : Je dirais que je n’ai pas trop de difficulté à le dire. Parfois, en soirée, quand c’est un peu trop compliqué à entendre on prévoit un petit signe anti-relous avant avec mes ami(e)s. On le fait et on arrive en équipe pour que ce soit plus entendable.

Question : T’as vécu des situations où ton consentement n’était pas clair ?

Corentin : Ouais. Des situations notamment de couple où il y avait cette notion de « on se plaît », donc on se dit qu’un consentement serait automatique, mais ce n’est pas le cas, ce n’est jamais le cas.

Antoine : Je ne me suis jamais trop posé la question de mon consentement à moi, ce qui d’ailleurs est assez fou. Je me la suis posée très récemment justement très récemment dans une expérience où deux fois d’affilée, au moment d’arriver au rapport sexuel, "en fait, non, je n’ai pas vraiment envie". Et incapable de le dire. J’ai fini par monter une sorte de stratagème pour me sortir du truc et c’est hyper triste au final. J’aurais aimé pouvoir juste dire "non".

Alice : Avec l’habitude et le temps, on se rend compte que le consentement est toujours assez clair et que c’est juste la personne en face qui décide de ne pas le recevoir et l’entendre. Quand tu dis "non", je pense qu’il n’y a rien que tu puisses dire de plus clair qu’un "non".

Question : C’est facile d’en parler entre potes ?

Alice : Moi c’est un sujet que j’aborde beaucoup avec mes ami(e)s.

Corentin : C’est peut-être gênant parce que la société rend cette notion un peu taboue, mais en fait, c’est la base. Avant même le plaisir, il y a le consentement.

Shana : On en parle assez ouvertement.

Antoine : Non. C’est pas que ce n’est pas facile, mais en tout cas ce n’est pas fréquent.

Question : Comment demanderais-tu explicitement le consentement à ton/ta partenaire ?

Corentin : Ce n’est pas que demander au début et ensuite basta ! Non. Il faut toujours vérifier que son partenaire se sente bien. Parce que j’ai l’impression qu’il y a ce cliché de : "Si je demande à la personne si elle va bien pendant l’acte, c’est tuer le moment, je ne serai plus excité(e)". Peut-être que toi tu ne seras plus excité(e), mais peut-être qu’elle vit le pire moment de sa vie. Donc, en fait, je pense que c’est bien de respecter la communication entre les deux partenaires.

Antoine : C’est un truc qui est très apprécié, de poser la question vraiment littéralement : "Est-ce que je peux faire ça ?". Ce n’est pas du tout gênant, ça ne casse pas du tout le délire.

Alice : Je pense qu’il n’y a pas besoin d’être aussi direct que de dire : "Est-ce que là tu consens ?", mais ça peut passer par : "Est-ce que ça te dirait qu’on fasse ça ? Ou qu’on tente ça ?".

Shana : "Qu’est-ce que tu aimes faire ?", "Qu’est-ce que tu n’aimes pas faire ?", et "Est-ce que tu es d’accord pour faire ce que tu aimes faire et ce que j’aime faire ?". Ça passe au-dessus du plaisir ou même du charme.

Antoine : Si je vois qu’il y a une sorte de gêne qui peut se créer, là je demande.

Pourquoi une culture du consentement sur les campus ?

Construire une culture commune du consentement dans l’enseignement supérieur, c’est :

  • permettre un climat de respect et d’entente entre tous les membres de la communauté ;
  • faire en sorte que chacune et chacun étudie et travaille dans les meilleures conditions ;
  • prévenir et endiguer les situations de violences sexistes et sexuelles sur son campus ;
  • réduire les conséquences des violences sur les parcours de vie des victimes (santé, changement d’orientation, etc.) ;
  • prolonger cette culture du consentement dans sa future vie professionnelle et personnelle.

 

Comment créer une culture du consentement ?

Quelques conseils de l'association Sexe & Consentement.

 

Créer une culture du consentement, cela passe par :

  • demander de manière explicite et chercher un oui enthousiaste ;
  • prendre l’habitude de poser des questions simples : "Est-ce tu veux ? Est-ce que je peux ? Qu’est-ce qui te plaît ? Qu’est-ce que tu veux qu’on expérimente ensemble ?" ;
  • écouter l’autre, respecter ses envies et ses propres limites ;
  • accepter le non.

 

L'agression sexuelle se définit comme tout contact sexuel forcé et est passible de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende (article 222-27 du Code pénal).

Ressources complémentaires

Associations partenaires du ministère :

Les numéros d'écoute pour les victimes de violences conjugales :

  • Numéro d’écoute national : 39 19
  • Numéro d'écoute européen : 116 006