SEUL LE PRONONCE FAIT FOI
Tout d'abord, permettez-moi de vous féliciter, Monsieur le Président, cher Jean-Luc Rigaud ainsi que l'ensemble des membres et des équipes de l'ADCF pour la réussite de cette 30e convention nationale qui rappelle à chacun l'importance croissante que jouent les communautés d'agglomérations et les métropoles dans la structuration et le maillage de nos territoires.
C'est pour ma part un très grand bonheur que de pouvoir vous accompagner ce matin ici même à Nice, ville dans laquelle j'ai enseigné pendant plus de vingt ans au sein d'une université que j'ai eu l'honneur de présider pendant plusieurs années.
Vous avez choisi de clore vos travaux sur le thème des transitions démographiques. « Il n'y a de richesses que d'hommes » comme le rappelait Jean Bodin il y a déjà plusieurs siècles et naturellement, aborder les questions territoriales pour les élus que vous êtes, c'est penser au quotidien la place de chacun dans la cité et en particulier de notre jeunesse sans laquelle aucun territoire ne saurait construire son avenir.
Cette jeunesse, notamment la jeunesse étudiante est le cœur même des politiques conduites par mon ministère depuis plus de deux ans. Pendant trop longtemps, l'université et l'enseignement supérieur ne se sont pas assez emparés des problématiques territoriales alors même que les formations participent à attirer des étudiants venus de l'ensemble du pays et à les fixer durablement dans telle région.
Au début de cette année, le Grand débat national a permis de rendre la parole à toutes les franges du territoire national et à toutes les composantes de notre société. On a souvent entendu, à l'occasion de ces échanges l'expression de ce que d'aucuns appellent la « France périphérique » en opposition aux métropoles.
Nous parlons de territoires dans lesquels les besoins en matière d'accès au service public, de développement économique et d'accès à l'emploi sont ressentis avec plus d'acuité qu'ailleurs. Chacun dans cette salle a pu mesurer le désarroi et la colère qui abondent dans ces territoires et le gouvernement a naturellement renouvelé ses engagements à leur endroit.
Nous avons revu nos exigences, en vérité, et c'était le propre des annonces du Président de la République à l'issu du Grand débat, car il en va de l'égalité entre les citoyens et de leur qualité de vie, voire de leur dignité lorsque l'on parle notamment d'accès à la formation.
Accéder à la formation, que l'on vienne d'une métropole ou d'une communauté d'agglomération plus rurale, c'est à la fois faire le pari de la mobilité des étudiants d'un territoire à l'autre. C'est également faire le pari de rendre les formations mobiles et de mieux les ancrer dans les problématiques territoriales.
Ce souci de mieux assurer la circulation des étudiants et de l'ensemble de notre jeunesse à travers les territoires est au cœur de la transformation du premier cycle de l'enseignement supérieur porté par la loi « orientation et réussite des étudiants ».
Pour la première fois, nous avons ouvert en grand les portes de la mobilité académique afin que chacun, d'où qu'il vienne puisse porter sa candidature dans une formation située dans une autre académie. En Ile de France, nous sommes même allés plus loin et depuis janvier dernier, nous avons fait de la région Ile de France un bassin académique unique pour une population étudiante représentant 40% de l'ensemble de la population étudiante. Au-delà des chiffres, ce qui se noue derrière ce type d'initiative, c'est plus de mixité sociale, une meilleure circulation des étudiants entre les centres urbains, les banlieues et les territoires ruraux.
Donner aux étudiants les moyens de leur mobilité, c'est également les aider socialement et à cet égard, je mesure les efforts quotidiens réalisés par les collectivités territoriales, les agglomérations et les métropoles pour les y aider à travers des centaines d'initiatives locales qu'il s'agisse de l'aide apportée pour trouver un logement ou pour accéder plus facilement aux transports. Cette exigence sociale que vous portez pour assurer la circulation des étudiants, je la partage et la porte avec vous. C'est pourquoi chaque année, mon ministère consacre 20 millions d'euros à l'aide à la mobilité sur parcoursup. C'est également pour cela que j'ai souhaité revaloriser les bourses sur critères sociaux de 46 millions d'euros cette année.
Naturellement, lorsque l'on parle de mieux territorialiser l'enseignement supérieur, il ne s'agit pas d'orienter spécifiquement et exclusivement les étudiants vers les grands campus universitaires situés au cœur des métropoles. Cette polarité existe, elle permet à nos universités de rayonner, elle est fondamentale pour le développement économique des territoires mais elle ne permet pas de répondre à l'ensemble des besoins de nos concitoyens les plus éloignés de ces pôles, soit parce qu'ils sont issus de territoires ruraux ou de territoires enclavés.
Territorialiser l'enseignement supérieur, c'est rendre les formations mobiles et les mettre à disposition de tous, que l'on vive dans une métropole, dans un quartier dit « politique de la ville », dans les outre-mer ou dans un territoire rural.
Nous avons commencé à le faire dans le domaine très particulier de la transformation des études en santé. Désormais, avec la suppression du numerus clausus et le déploiement de mineures en santé, y compris sous forme numérique et à distance, nous allons démocratiser dans l'ensemble des territoires l'accès aux études de médecine. C'est une transformation fondamentale. Nous savons aujourd'hui qu'un étudiant qui passe plus de 5 ans hors de sa région d'origine dans le cadre de ses études n'y reviendra sans doute pas. En ouvrant l'accès aux études de médecine dans tous les territoires, c'est cette fatalité là que nous combattons.
Au-delà des études de médecine, c'est l'ensemble des possibilités de formation que nous devons rapprocher de nos concitoyens dans tous les territoires. A cette fin, j'ai lancé en mai dernier le programme des campus connectés qui permet depuis septembre dernier dans 13 villes de mettre à disposition des étudiants les plus éloignés des sites universitaires un panel de 60 formations à distance dans des espaces de travail réservé avec un accompagnement personnalisé. Naturellement, j'ai une pensée particulière pour vous monsieur le député Rémi Rebeyrotte et pour le campus connecté d'Autun sur lequel vous vous êtes très fortement engagé avec Vincent Chauvet, votre successeur à la mairie.
A l'occasion de votre 30e convention nationale, je souhaite avec vous franchir une étape décisive sur ce sujet, aussi j'ai le grand bonheur de vous annoncer qu'avec le secrétaire général du grand plan d'investissement, nous lancerons dès janvier prochain une nouvelle vague de campus connectés.
Un appel à projet dédié crédité de 25 millions d'euros sera ouvert dès le début de l'année 2020 afin de créer près d'une centaine de nouveaux campus. C'est un geste significatif du gouvernement afin de donner à chaque territoire, à chaque collectivité, à chaque agglomération des leviers pour former sa jeunesse et construire son avenir économique et industriel.
Les membres de l'ADCF ont toute leur place à prendre dans cette initiative. Vous m'aviez interpellé à ce sujet cher Jean-Luc Rigaud lors de la conférence nationale des territoires en juillet 2018.
Ma conviction, c'est que pour conduire notre jeunesse à la formation et à l'emploi dans tous les territoires, nous devons mieux articuler le lien entre la carte des formations et les besoins de vos entreprises et de vos bassins d'emplois. Ce que je souhaite tout particulièrement vous dire en ouverture de cette table ronde, c'est que je forme le souhait que nous puissions ensemble construire de réels écosystèmes articulés autour des besoins spécifiques que rencontrent vos territoires. C'est avec ce type de démarches que nous parviendrons à construire l'attractivité de tous les territoires en répondant aux besoins en matière de formation et d'employabilité de tous.
A cette fin, avec les campus connectés, avec les campus « cœur de territoires » portés par le CNAM, j'ai souhaité que l'on puisse inscrire, soit via les CPER, soit via l'appel à projet qui sera ouvert en janvier prochain la possibilité de produire les nouvelles formations à distance qui répondront directement aux besoins de vos bassins de vie.
Ainsi, avec les universités qui le souhaiteront, je suis prête à travailler avec vous tous pour identifier une dizaine de sites pilotes dans lesquels nous pourrons construire des écosystèmes territoriaux organisés autour des formations existantes et de campus connectés dotés de formations spécifiques à vos besoins. Pour que cela marche, nous aurons besoin de mobiliser les universités afin de construire des ponts avec vos entreprises et avec leurs besoins de formation, je songe notamment au déploiement d'une offre territoriale de formation continue.
Vous l'aurez compris, ce que je vous propose, c'est de créer un cercle vertueux dans lequel chacun, quel que soit son âge pourra se former à distance ou en présentiel, en formation initiale ou continue pour répondre aux attentes immédiates de votre tissu économique, social et associatif.
C'est en ouvrant grand les portes des formations dans l'ensemble des territoires que nous pourrons, je l'espère, tous ensemble, répondre aux besoins de l'ensemble de nos concitoyens qu'il s'agisse d'accès à l'enseignement supérieur, à l'emploi, aux soins et à la connaissance tout simplement. Irriguer les territoires par la formation en un mot, c'est donner à chaque territoire, à chaque équipe municipale ou intercommunale les leviers pour rendre son territoire attractif et dynamique pour nos concitoyens.
Voilà en quelques mots, cher Jean-Luc Rigaud, chers élus, ce que je tenais tout particulièrement à vous dire s'agissant de la vision de mon ministère des transitions démographiques territoriales en ouverture de cette table ronde.
Je vous remercie.