Dans le sillage des travaux de Claude Lévi-Strauss sur les structures de la parenté, auquel elle avait succédé à la tête du laboratoire d’anthropologie sociale, Françoise Héritier avait patiemment construit une pensée de la différence des sexes qui a jeté un jour nouveau sur la nature et les modalités de construction des formes de domination masculine.
Son œuvre, nourrie d’expériences de terrain, notamment auprès des Samo de l’ancienne Haute-Volta, s’est imposée comme une source d’inspiration majeure non seulement pour l’ensemble des sciences humaines et sociales, mais pour tous ceux qui entendent fonder leur action au service de l’égalité sur une compréhension authentique des mécanismes sociaux de construction et de réplication des inégalités.
Frédérique Vidal salue le souci permanent qu’a eu Françoise Héritier d’intervenir largement dans la vie et le débat public, nourrissant ainsi notre intelligence collective de ses analyses précises et aiguës. Ces interventions étaient à ses yeux le prolongement naturel de sa mission de chercheur et de professeur : elle s’inscrivait ainsi dans une longue tradition qui faisait d’elle une intellectuelle, au plein sens du terme.
Frédérique Vidal adresse aux proches de Françoise Héritier et à l’ensemble de la communauté universitaire ses condoléances attristées.