Fondation Tara Océan : la recherche au plus proche de l'océan

Créée il y a 20 ans, la fondation Tara Océan porte une double mission : explorer l'océan pour mieux le comprendre et partager les connaissances scientifiques avec le public dans une optique de sensibilisation. La goélette Tara a récemment fait escale à Marseille, lors d'un week-end événement, à l'occasion des 10 ans du Mucem.

Transcription textuelle | Fondation Tara Océan

On arrive dans la timonerie. C'est ce qu'on appelle le poste de pilotage. C'est là où l’on fait les cartes de navigation, cartographie électronique ; on peut prendre des météos, recevoir des appels, des écrans radar, des commandes moteurs. Beaucoup de redondance comme on part longtemps et loin. Si on a des défaillances, il faut qu'on puisse parer à tout ça. C'est mon poste de pilotage mais finalement, tous les marins se relaient ici. Tara, c’est un voilier de 36 mètres de long, 10 mètres de large, 140 tonnes. C'est un voilier qui a été conçu il y a 35 ans, à l’origine par Jean-Louis Étienne, un explorateur français. 

On descend dans l'antre de la bête. On arrive dans ce qu'on appelle le carré, c'est un peu le living-room du Tara. Sur bâbord, on a la cuisine avec Jérôme, notre chef cuisinier. A bord, on est 14, marins, scientifiques, journalistes, artistes. C’est un grand voilier mais finalement, c’est un petit bateau de travail. On partage les espaces. Le PC com, où on a tous les appareils pour communiquer avec l'extérieur. C'est le bureau du capitaine. Je partage l'espace avec le correspondant de bord. Compas satellitaire, des AIS pour signaler notre position aux autres navires et vice versa, des informations sur la météo avec une station Météo France... Le correspondant de bord est justement à bord pour partager le projet avec le plus grand nombre. Il peut faire de la radio, de la vidéo, des écrits. On va entrer plus en profondeur dans le Tara, donc on va passer par la cabine du mécanicien qui donne accès aux moteurs principaux. Il y a des petits témoignages, du passage des artistes à bord, si vous voyez la porte. On est un peu en mode sous-mariniers, on est vraiment au cœur de la bête. On est sous le carré. Là où l’on est rentré tout à l'heure. Il y a les deux moteurs de propulsion de 350 chevaux, avec Dave notre chef mécanicien. Voici le treuil océanographique, qui est un de nos outils principaux pour plonger des appareils à de grandes profondeurs. En Arctique, on plongeait du matériel jusqu'à 4000 mètres de profondeur. Là, on est plutôt sur les 1500 mètres maximum. C’est là qu’on peut réparer le matériel, l’entretenir. Là, on arrive dans la cabine arrière bâbord. C'était une cabine qu'on a modifiée pour en faire un petit labo. On appelle ça le "sorting lab"  c'est essentiellement de la filtration que l’on fait ici et de l'imagerie. On va également récupérer tout ce qui provient des filets à planctons que l’on va ensuite filtrer sur des filtres de différentes porosités pour ensuite les conserver. Sur le pont arrière, avec le treuil océanographique qu'on a vu, on va prélever de l'eau, pêcher de l'eau, pêcher du plancton. Derrière on va pouvoir faire passer ça dans des machines qui vont permettre de faire de la classification ou du comptage. C'est important d'étudier le plancton, ça nous permet d'étudier toute la biodiversité des océans. On peut retrouver dans cette catégorie aussi bien des virus que du gros zoo-plancton tel que des méduses. On va continuer dans les aménagements, on appelle ça l'"underway", c’est le 3e laboratoire qu'on a à bord qui va nous permettre notamment de contrôler la rosette car son cerveau se trouve ici. C'est également un laboratoire d'instrumentation. On a plusieurs instruments ici que ce soit un cytomètre en flux, ou un outil d'imagerie qui va nous permettre de regarder en continu ce qu'il y a dans l'eau. On est dans la cale avant, c’est la zone de stockage, ce sont des frigos ou des congélos, pour l’échantillonnage. Les échantillons sont répartis dans des racks. Ça nous permet de nous organiser à bord pour stocker un maximum d'échantillons dans un espace restreint. Nous organisons sur Tara, au fur et à mesure de la mission, des "shipping" , donc des envois réguliers d'échantillons. Lorsqu'on est en escale, par exemple à Marseille, nous avons fait un “shipping” hier. On fait peu d'analyses à bord, on collecte beaucoup de données et on les envoie vers les laboratoires dès qu'on peut. Parce que l'idée, c’est de ne pas prendre le risque de conserver le matériel à bord. Sur cette mission-là, c'est plus de 70 labos qui tournent autour du bateau. Alors ici, on est dans le "Wet Lab". C'est le dernier laboratoire de Tara. Vous pouvez voir ici une série de tripodes, ce sont des systèmes de filtration d'eau. En effet, pour cette mission, nous allons pomper de l'eau en surface. Cette eau va ensuite passer sur une série de filtres de petite porosité. Ça va nous permettre de condenser de la biomasse, soit de virus, soit de bactéries, en tout cas du plancton de petite taille. Ça fait un an qu'on est parti de Lorient, notre port d'attache pour cette mission, Tara Europa. On travaille avec un laboratoire allemand qui s'occupe de tout ce qui est prélèvements à terre. Nous, au regard de ces prélèvements à terre, on fait les prélèvements en mer et ça permet aux scientifiques d'étudier ce qu'on appelle le continuum terre-mer, on cherche à mieux comprendre et mieux évaluer l'impact et la cohabitation entre l'espace maritime, la biodiversité et l'arrivée de polluants chimiques. Depuis 20 ans, on continue les missions sur différentes thématiques. On a travaillé beaucoup sur le plancton, sur la problématique du microplastique.

La fondation Tara Océan

La fondation Tara Océan a été créée en 2003 par Agnès Troublé dite agnès b., elle est présidée par Etienne Bourgois.

Avec ses consortiums scientifiques associés, la fondation développe une science ouverte de l'océan qui vise à mieux appréhender les risques climatiques en vue de protéger la biodiversité. La fondation Tara Océan travaille en partenariat avec le CNRS, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), le Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL).

Reconnue d’utilité publique et dotée du statut d'observateur spécial à l'ONU, la fondation Tara Océan s'engage pour la sensibilisation des décideurs, des citoyens et de la jeune génération à travers des événements, conférences, publication d'ouvrages, expositions artistiques...

35 salariés pour coordonner l’ensemble des missions et opérations

4M €de budget annuel dont 7 % de financement public

13 expéditions et plus de 250 escales dans 56 pays

Partenaires

La fondation Tara Océan comprend trois pilotes que sont le CNRS, l’Université Laval (à travers le laboratoire Takuvik) et l’Université américaine du Maine. Au total, ce sont une trentaine de laboratoires de 12 pays qui participent à l’élaboration de la stratégie scientifique.

La goélette Tara : un laboratoire flottant

Crédits :
Marin Le Roux - Polaryse - Fondation Tara Océan

Géolette Tara, passage du Drake (2022)

La goélette scientifique Tara est conçue pour naviguer dans les régions polaires. C'est un laboratoire flottant de 36 mètres de long, doté de deux mats de 27 mètres dont les espaces à bord intègrent trois laboratoires. L'équipage est composé de 14 personnes (6 marins, 6 scientifiques, 1 correspondant de bord, 1 artiste).

13expéditions

+1 100 publications scientifiques dont certaines dans les revues Nature, Science et Cell

150gènes découverts issus du monde marin

La mission Tara Europa 

La goélette réalise actuellement sa 13e expédition, Tara Europa, en Europe et en particulier sur la Méditerranée à environ 400 mètres des côtes européennes, où les chercheurs à bord étudient la biodiversité des écosystèmes côtiers, l’impact de la pollution plastique, celui du réchauffement climatique et des activités humaines.

Tara Polar Station : l'innovation de la station polaire dérivante

Tara Polar Station est une station scientifique polaire dérivante, conçue par l’architecte Olivier Petit et la fondation Tara Océan, de 26 mètres de long et 16 mètres de large.

Cette base polaire est dérivante et par là même, adaptée à la fonte des glaces, elle pourra supporter des températures atteignant -52°C. Actuellement en cours, le chantier naval, confié aux Constructions Mécaniques de Normandie (CMN), est situé à Cherbourg.

Tara Polar Station embarquera, sur une dizaine d'expéditions successives jusqu'en 2045, parmi l'équipage on comptera des climatologues, biologistes, physiciens, glaciologues, océanographes, ingénieurs, artistes, médecins, journalistes... Elle sera équipée d’un laboratoire humide pour la manipulation des échantillons, de laboratoires secs avec instrumentation, et des laboratoires dédiés à l’expérimentation sur place.

Le navire sera mis à l'eau en septembre 2024 avant une campagne de tests en conditions polaires pendant 3 à 4 mois en 2025.

Crédits :
Fondation Tara Océan

Accélérer la recherche sur le climat et la biodiversité

La station arctique de la fondation Tara est financée dans le cadre du programme d'investissement France 2030 à hauteur de 13 M€ sur un budget total s'élevant à 21 M€.

Elle contribuera au déploiement en Arctique de la stratégie polaire de la France "équilibrer les extrêmes" à l'horizon 2030.

Objectifs :

  • mieux comprendre l’impact du changement climatique en Arctique et sur le reste de la planète
  • améliorer la connaissance de la biodiversité sur Terre en explorant des régions non accessibles aujourd’hui
  • analyser les conséquences de la fonte de la glace de mer et la pollution sur ces écosystèmes uniques et fragiles.

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