Pour que cette confiance ne soit pas un vain mot, elle implique que « non-scientifiques » et « scientifiques » fassent mutuellement et sincèrement la démarche d’aller les uns vers les autres. Beaucoup de chercheuses et de chercheurs participent aujourd’hui à des dispositifs de médiation et de vulgarisation scientifique, sous des formes très diverses. Et c’est une excellente chose pour donner ce fameux « goût des sciences » au plus large public possible.
Mais, dans la volonté très louable de partager les sciences, un écueil, disons, une tentation, peut parfois se présenter qui risque de fausser le dialogue. Celui consistant à parler de tel résultat scientifique, sans évoquer la méthode qu’il a fallu suivre pour y parvenir ; à présenter telle innovation, sans évoquer les pivots dont elle est le fruit ; bref : à montrer la science en majesté, en omettant les échecs et les hasards dont l’activité scientifique n’est pas exempte, loin s’en faut.
Il ne faudrait donc pas que, à vouloir « raconter une histoire », on finisse par raconter des histoires. Le « storytelling » est sans doute une technique efficace pour susciter l’attention des publics. Mais, cette mise en récit ne doit pas reléguer à l’arrière-plan la façon dont fonctionne la recherche scientifique ni gommer un peu tout ce qui la rend humaine. La science n’est-elle pas en effet encore plus digne de confiance lorsqu’elle expose ses limites, ses doutes, ses aléas ?
Avec Grand Labo, c’est ce que nous essayons modestement de faire : montrer les coulisses de la science, par exemple en parlant des métiers méconnus de la recherche, comme dans le dernier épisode, ou encore en racontant les origines de certains lieux de science.
Donner à voir cette partie en quelque sorte immergée de la recherche scientifique, c’est contribuer à rendre le dialogue entre sciences, recherche et société plus transparent et, in fine, plus fécond.