Publié le 10.02.2023

Le prix Irène Joliot-Curie récompense quatre chercheuses d'exception

Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, adresse ses chaleureuses félicitations aux quatre chercheuses lauréates de la 21e édition du prix Irène Joliot-Curie.

Les ministres Sylvie Retailleau, Pap Ndiaye et Isabelle Rome à la cérémonie de remise des prix Irène Joliot-Curie 2022
Crédits :
Xavier Rossi

Les ministres Sylvie Retailleau, Pap Ndiaye et Isabelle Rome à la cérémonie de remise des prix Irène Joliot-Curie 2022, au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), à Paris, le 10 février 2023

Depuis sa création en 2001, le prix Irène Joliot-Curie œuvre en faveur de la promotion des femmes dans l’univers des sciences, de la recherche et de la technologie. Chaque année, ce prix récompense des parcours exemplaires tant dans la recherche publique que privée, afin de mettre en lumière la carrière de femmes scientifiques qui allient excellence et dynamisme. 
 
Les prix sont décernés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, avec le soutien de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies qui en constituent le jury.

Les (jeunes) femmes en sciences

Bérengère Dubrulle, directrice de recherche au CNRS : « À l'heure actuelle, il y a trop de jeunes filles qui sont découragées par les mathématiques ou qui trouvent que les mathématiques c'est pas fait pour les filles, ou que la physique c'est pas fait pour les filles. Et je peux pas leur en vouloir, puisqu'à l'heure actuelle, on a une image très masculine de la physique. 8% des femmes seulement dans mon domaine, font de la turbulence. Il est très important qu'il y ait des figures emblématiques féminines pour montrer aux filles que la physique ce n'est pas fait que pour les hommes, c'est aussi fait pour les filles. »

Céline Bellard, chargée de recherche au CNRS : « Les femmes sont sous-représentées à différents niveaux. Quand on est en thèse ou en master, on a énormément de femmes, ça c'est très important. Et on a plein de femmes qui sont talentueuses et qui sont remarquables d'un point de vue de la recherche. Le problème c'est vraiment sur la suite. Pour avoir un poste permanent en recherche, ça dure environ 5 à 6 ans après la thèse. Cette période est extrêmement compétitive et, en parallèle, pour les femmes, c'est souvent une période qui est liée à la maternité. Maintenir un équilibre entre une priorité personnelle et professionnelle est assez difficile. Et c'est vrai qu'on voit moins de femmes à ce stade-là. »

Nina Hadis Amini, chargée de recherche au CNRS : « Je pense qu'aujourd'hui, surtout dans mon domaine, dans le domaine des mathématiques appliquées en général, il n'y a pas beaucoup de femmes scientifiques. Mais je vois de plus en plus de filles qui décident de faire une thèse. Dans l'avenir proche, je suis assez optimiste, il aura certainement plus de femmes. »

Céline Bellard : « C'est compliqué de concilier la maternité et en même temps la compétitivité du travail pour ce stade de carrière. »

Travailler avec des femmes

Marjorie Cavarroc, ingénieure Recherche et Technologie chez Safran : « Mon équipe c'est 50/50, donc il y a pas de discrimination. Je ne vais pas prendre une jeune femme parce que c'est une femme. Je préfère qu'on soit très clair sur ce sujet-là. La discrimination positive, oui : à CV égal, on prend le meilleur. Au travail, par contre, c'est hors de question de discriminer une femme parce que c'est une femme, en disant "ah oui ! mais mon dieu ! Elle va faire un enfant, elle va prendre un congé maternité..." Oui bah, c'est la vie, c'est comme ça. On sait le gérer. »

Céline Bellard : « Je travaille en écologie et j'ai la chance d'être dans un laboratoire où la directrice d'unité est une femme ; on a des directrices adjointes qui sont des femmes ; on a des responsables d'équipes également qui sont des femmes. C'est vrai que ça peut donner l'impression que les femmes sont bien représentées à différents niveaux de responsabilité. Mais, en réalité, en écologie, on se rend compte que même dans des comités de sélection, les comités éditoriaux des revues scientifiques, on a souvent une sous-représentation des femmes. »

Marjorie Cavarroc : « On voit quand même qu'il y a une notion d'autocensure, qui, à mon sens, est plus importante chez les femmes que chez les hommes. Quand on leur parle de sciences, elles ont facilement tendance à penser que ce n'est pas pour elles, parce qu'elles n'en sont pas capables... sauf que ce sont des stéréotypes et des a priori. Effectivement, je vais peut-être mettre un peu plus de poids sur les jeunes femmes, les pousser des fois un peu plus, parce que je trouve qu'elles ont besoin d'être poussées un petit peu plus que des jeunes hommes, pour aller vers des choses qui leur sont tout à fait accessibles. »

Travailler en tant que femme

Marjorie Cavarroc : «  J'ai un petit garçon, qui a 10 ans. Je suis mariée. Je travaille à temps partiel, donc je ne travaille pas le mercredi, je m'occupe de mon fils le mercredi, tout simplement. Ce qui m'empêche absolument pas de faire carrière : je suis ingénieure, je suis experte ici. Ce n'est pas un problème. Je me déplace beaucoup, ça c'est vrai, dans le cadre de mon métier. Mais avec mon mari, on arrive à le gérer. Aujourd'hui, oui, j'ai des activités en dehors du boulot. Je ne vis pas boulot 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, loin de là. Je pense que je serai incapable de me dire "j'ai toujours rêvé de faire ça" et 10 ans plus tard, me dire "ah si seulement j'avais essayé..." »

Lauréates

Pour cette 21e édition, le jury, présidé par Catherine Cesarsky, membre de l’Académie des sciences, a choisi de récompenser : 

Bérengère Dubrulle, Prix de la "Femme scientifique de l’année"

La Première ministre Elisabeth Borne remet le prix de la femme scientifique de l'année à Bérengère Dubrulle
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Xavier Rossi

La Première ministre Elisabeth Borne remet le prix Irène Joliot-Curie 2022 de la femme scientifique de l'année à Bérengère Dubrulle, à Paris, vendredi 10 février 2023 au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).

Bérengère Dubrulle est directrice de Recherche Classe Exceptionnelle/CEA Saclay. Depuis le début de sa carrière, elle mène une recherche pluridisciplinaire, à l’interface entre les mathématiques, la physique hors-équilibre, la physique non-linéaire, la mécanique des fluides, l’astrophysique, la géophysique et le climat. Elle est autrice ou co-autrice de plus de 180 publications. L'ensemble de ses travaux lui ont valu la médaille de bronze du CNRS en 1993, celle d’argent en 2017, le Grand Prix Victor Noury de l'Académie des Sciences en 2008, et la médaille Lewis Fry Richardson de l’European Geophysical Union en 2021. Elle recevra une dotation de 40 000 euros.

Céline Bellard, Prix spécial de l’engagement

Céline Bellard reçoit le prix Irène Joliot-Curie de l'engagement, remis par les ministres Sylvie Retailleau, Dominique Faure, et la secrétaire d’État, Chrysoula Zacharopoulou.
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Céline Bellard reçoit le prix Irène Joliot-Curie de l'engagement, remis par Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Chrysoula Zacharopoulou, Secrétaire d’État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Dominique Faure, ministre déléguée aux Collectivités territoriales et à la Ruralité.

Céline Bellard est chargée de recherche CNRS/Paris Saclay. Par ses recherches, elle est spécialisée dans l’effet des changements globaux et notamment des invasions biologiques et des changements climatiques sur la biodiversité. Ses travaux et son projet de recherche innovant pour mieux comprendre la vulnérabilité des systèmes insulaires aux changements globaux lui ont permis d’être classée 1ère au concours CNRS en 2018. Par ailleurs, grâce à ses travaux de recherche, elle a été lauréate de la Fondation L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science en 2012 et de l’Académie des Sciences en 2014. Elle recevra une dotation de 40 000 euros.

Nina Hadis Amini, Prix de la "Jeune femme scientifique"

Nina Hadis Amini, reçoit le prix Irène Joliot-Curie de la jeune femme scientifique, remis par M. Pap Ndiaye et Mme Isabelle Rome
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Nina Hadis Amini, reçoit le prix Irène Joliot-Curie de la jeune femme scientifique, remis par M. Pap Ndiaye et Mme Isabelle Rome

Chargée de recherche CNRS/CentraleSupélec. Chercheuse en automatique appliquée au contrôle des systèmes quantiques au sein du Laboratoire des signaux et systèmes (L2S) du CNRS, Nina Hadis Amini développe des méthodes de contrôle pour les ordinateurs quantiques de demain. Dans ses recherches, elle s’arme d’outils mathématiques, de physique et d’automatique pour contribuer à l’élaboration de systèmes capables de résoudre des problèmes actuellement impossibles pour les ordinateurs classiques et qui révolutionneront les méthodes d’autres disciplines comme l’intelligence artificielle ou encore la médecine. En 2021, elle a participé à la réalisation de la bande dessinée Portrait de femmes scientifiques en sciences du numériques initiée par l'INS2I. L'objectif était de mettre en avant la diversité des recherches en sciences du numérique et contribuer à briser les stéréotypes qui dissuadent les femmes de s’engager dans cette voie. Elle recevra une dotation de 15 000 euros.

Marjorie Cavarroc-Weimer, Prix "Femme, recherche et entreprise"

Marjorie Cavarroc-Weimer reçoit le prix Irène Joliot-Curie "femme, recherche et entreprise" remis par les ministres Sylvie Retailleau et Geneviève Darrieussecq
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Marjorie Cavarroc-Weimer reçoit le prix Irène Joliot-Curie "femme, recherche et entreprise" remis par Sylvie Retailleau, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et Geneviève Darrieussecq, Ministre chargée des Personnes handicapées, le 10 février 2023, à Paris.

Marjorie Cavarroc-Weimer est ingénieur études R&T/Groupe Safran. Elle reçoit le prix de la Vocation scientifique et technique des Femmes en 1998, à la fin de ses études secondaires. Elle poursuit ses études à l’université, puis en école d’ingénieur et en thèse de doctorat, dans le domaine de la physique des plasmas. Elle reçoit le prix de l’Ingénieur de l’année 2010, pour ses travaux de recherche sur la réduction de la quantité de platine dans les électrodes de piles à combustible. Elle rejoint l’équipe d’experts de la Fondation L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science, pour laquelle elle expertise les dossiers des candidates depuis 2012. Elle fait partie des marraines de l’association "Elles bougent" et de la Fondation C Génial, des associations impliquées auprès des jeunes et notamment des jeunes femmes. Elle recevra une dotation de 15 000 euros.

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