Publié le 04.02.2025

Miguel Chevalier : en immersion dans l'exposition Pixels

L’artiste Miguel Chevalier présente actuellement Pixels au Grand Palais Immersif, une exposition protéiforme où images vidéo, sculptures, jeux de son et lumière sont élaborés à partir de logiciels, algorithmes ou code informatique open source. Rencontre avec un pionnier de l’art digital.

Le digital est le seul moyen de créer des œuvres de cette nature. C'est-à-dire des œuvres qui permettent de modifier, de laisser aux spectateurs qui deviennent acteurs, de modifier l'œuvre. Il n'y a aucun autre médium qui le permet. Je m'appelle Miguel Chevalier, je suis un artiste qui développe des créations dans le champ du digital depuis les années 80. J'ai créé des logiciels sur mesure, des logiciels qui n'existent pas dans le commerce. Je ne revendique pas la partie informatique, je revendique la partie artistique que l'on peut développer à partir de ces logiciels. J'utilise des moteurs 3D temps réel que l'on peut trouver en open source. Par exemple, il y a une partie de ces logiciels, c'est pure data, mais derrière ce logiciel, derrière ce moteur informatique, il faut écrire toutes les lignes de code pour que l'on puisse créer l'interface, choisir les couleurs, les formes. Quand j'ai commencé, on m'a pris pour un fou en pensant que le digital n'était que de la technique et en aucun cas on pouvait créer des œuvres sensibles. J'ai développé ce type de création parce que je suis sensible à la peinture, je suis sensible à la photographie, à la vidéo, et au fond je pense que les artistes à chaque époque utilisent les moyens de leur temps. Le digital est le seul moyen de créer des œuvres de cette nature, c'est-à-dire des œuvres qui permettent de modifier, de laisser aux spectateurs qui deviennent acteurs, de modifier l'œuvre. Il n'y a aucun autre médium qui le permet. Ces outils peuvent être de nature à créer des émotions, un dialogue, à être dans l'immersion de l'image. L'Œil de la machine, ce sont des œuvres interactives, avec des caméras faciales, on va être fragmenté, décomposé. Cela symbolise comment la machine nous regarde, en quelque sorte, c'est une espèce d'autoportrait de la machine, et avec chaque fois des variations, et donc l'idée, est que tous les gens jouent de cet espace, avec parfois des choses plus abstraites, colorées.

Formé à l’École des Beaux-arts puis à l’École des Arts-déco de Paris, l’artiste Miguel Chevalier (né en 1959 à Mexico) s'intéresse, dès les années 1980, au numérique pour créer des œuvres sensibles. Nous l'avons rencontré au Grand Palais Immersif, lieu culturel dont les volumes accueillent cette exposition protéiforme et immersive.

Pixels, un parcours immersif

Le parcours présentant les œuvres de Miguel Chevalier prend en compte l'espace et le temps, ici au Grand Palais Immersif, qui n'est autre que la salle modulable de l’Opéra Bastille longtemps inexploitée. Dans cet espace aux caractéristiques industrielles, aux murs de béton brut, certains dispositifs artistiques – les plus interactifs –, sont d'ailleurs conçus in situ.

Une œuvre a en outre été créée à partir de l’IA générative, plus particulièrement de l'outil Midjourney, dédié à la génération de visuels. Le dispositif est constitué de multiples vidéos où les caméras s'animent et où les écrans se démultiplient, projetant leur reflet sur les miroirs plaqués des murs au plafond, dans un effet de saturation. Les images créées sont issues d’un prompt (consigne transmise directement à la machine afin d'obtenir la génération d'un médium) dicté par l'artiste ; elles traduisent les hallucinations de la machine : les caméras se muent en oiseaux perchés sur des poteaux, un clin d'œil à la société de la surveillance exacerbée par les robots.

Crédits :
Miguel Chevalier

Cette installation met en scène des images et vidéos créées grâce à l'intelligence artificielle générative et met en scène la société de la surveillance.

Si la technologie est omniprésente, l'objectif de l'artiste n'en reste pas moins d'en exploiter le potentiel de créativité, d'utiliser la machine et ses innovations techniques afin de décupler les moyens de création. Pixels fait vivre au public une expérience artistique inédite, voire unique, puisque les spectateurs sont partie prenante des variations de l'œuvre, par leur présence même au sein de l'exposition.

Ces créations sont pour moi des peintures, en quelque sorte, des tableaux successifs, qui suivent un enchaînement, et me permettent ensuite d'introduire des éléments spécifiques au digital : l'interactivité. Le digital est le seul moyen, de créer des œuvres de cette nature, c'est-à-dire des œuvres qui permettent de laisser les spectateurs devenir acteurs et modifier l'œuvre. Il n'y a aucun autre médium qui le permet. Ces outils (...) peuvent être de nature à créer des émotions, un dialogue, être dans l'immersion de l'image, comme les Nymphéas de Monet où l'idée est d'entrer dans l'œuvre.
A travers mon travail, j'essaie de prolonger ce que certains artistes ont initié sur l'idée du temps, de la variation, sur le jeu des lumières et je le transpose à différentes échelles. 

Miguel Chevalier
Crédits :
Miguel Chevalier

Maillages est une œuvre immersive, où les capteurs retranscrivent les mouvements du public pour interagir avec les formes et la musique, créée par Miguel Chevalier dans le cadre de l'exposition Pixels au Grand Palais Immersif.

Le Grand Palais Immersif

Le Grand Palais Immersif est un lieu culturel, situé place de la Bastille à Paris, et ouvert à tous les publics. Créé dans le cadre de France 2030, par le Grand Palais (Rmn), la Banque des Territoires, VINCI Immobilier, il a vocation à offrir un nouveau type d’expérience culturelle, où l’art et la technologie permettent de créer des expositions immersives inédites. 
Depuis son lancement, il se veut un lieu culturel d'avant-garde, offrant un contenu scientifique et une expérience immersive.

Informations pratiques

  • Pixels – une expérience interactive avec l’univers créatif de l’IA, exposition dédiée à Miguel Chevalier
  • Grand Palais Immersif, place de la Bastille, 110, rue de Lyon 75012 Paris
  • Exposition présentée jusqu'au 21 avril 2025, du lundi au dimanche : 10h à 19h ; nocturne le mercredi jusqu'à 21h ; ouverture exceptionnelle pendant les vacances scolaires les mardis 18 et 25 février et le mardi 15 avril de 10h à 19h.

Commissariat : Miguel Chevalier et Voxels Studio ; musique originale : Thomas Roussel.