« S'il te plaît, dessine-moi un cachalot », lauréat du Prix Le Goût des sciences

Bonjour, je m'appelle François Sarano et avec Pome Bernos, nous avons eu le bonheur d'écrire et elle d'illustrer “ S'il te plaît, dessine-moi un cachalot ”. Il vient d'avoir le Prix Le Goût des sciences.

L'origine de ce sujet ?

Pourquoi le cachalot ? Parce que le cachalot est un animal mammifère comme nous, avec une société incroyablement complexe, structurée autour des nounous, des babysitters. Une société solidaire !

Je souhaitais très vivement faire quelque chose d'illustré. Je rêvais d’une bande dessinée. Il fallait envisager un ouvrage qui ne suive pas les chemins traditionnels de la réflexion scientifique, mais qu'elle soit rigoureuse. Mais le chemin traditionnel de cette réflexion devait être battu en brèche pour qu'il réponde aux questions des lecteurs qui ne sont pas obligatoirement des scientifiques.

Anne-Sylvie Bameule, la directrice d’Actes Sud, nous fait rencontrer Pome. Formidable ! Tout d'un coup, on était dans l'inconnu elle posait des questions inattendues. Je ne savais pas comment répondre. Parce que, Pome a à la fois ce talent de mettre en lumière par le dessin des choses qui sont difficilement exprimables par les mots. La légèreté, la grâce des cachalots, ça s'exprime par le dessin, c'est essentiel.

Quelle a été votre plus belle rencontre ?

Eliott, un jeune mâle qui est venu tenter de tisser des liens avec moi, de m’apprivoiser pendant dix minutes. Il était là et cet idiome, cette expression sonore à 8 clics signifie : je veux des caresses. Je veux tisser des liens.

Comment s'effectue l'approche avec un tel animal ?

Sur le terrain, j'insiste là-dessus, ça s'apprend sur le terrain. On n'apprend pas à rencontrer l'autre sans être face à lui et on est maladroit.

Eh oui, au début, on sait pas quand on est avec un alien, avec un étranger, on est maladroit. Donc on apprend. On a d'abord de la considération pour lui de l'égard, du respect et on y va nu ! Nu, ça veut dire le cœur ouvert, les oreilles ouvertes, je t’écoute. Et puis, petit à petit, on apprend à trouver la distance juste qui permet d'être en paix, en confiance.

D'où vous vient cette passion pour l'océan ?

Ma mère et mon père m'ont offert un masque quand j'avais cinq ans. J’ai mis la tête sous l'eau. Et j'ai vu l'œil doré avec une pupille noire du poulpe. Vous avez déjà vu un poulpe ? Ça peut changer la texture de sa peau, sa couleur et en un instant, disparaître alors qu'il est toujours là. Et puis tendre son tentacule vers vous.

D'où vient la structure cinématographique de votre ouvrage ?

Je pense que la structuration du livre, c'est vraiment Pome. Elle a à la fois l'humour et cette idée de séquencer comme un film. On en a beaucoup parlé. Ça permet d'envisager des moments de vie et pas simplement une écriture linéaire.

Qu'est-ce qu'un bon ouvrage de vulgarisation scientifique ?

Ça éveille la curiosité et ça répond à des questions précises, scientifiques, dures.

Je vous ai parlé d'Eliott. Il a 13 ans cette année. Vous savez qu'on suit 20 jeunes que nous avons quasiment vus naître. C'est un jeune mâle. Il aurait dû quitter le clan familial depuis longtemps parce qu'à maturité sexuelle, ils partent, les grands mâles. Il est toujours là. Il est toujours là parce que le clan s'est scindé en deux et dans le groupe dans lequel il est, il n'y a pas de babysitter. Et donc il a joué depuis deux ans le rôle de la babysitter. Lui, le mâle, le dur à cuire, il était la babysitter.

Quelle va être la suite de son histoire ?