Son parcours
Morgane VACHER est chargée de recherche CNRS en chimie au laboratoire CEISAM.
Après avoir obtenu son diplôme de l’École Normale Supérieure (ENS) de Cachan avec mention Très Bien, elle réalise sa thèse en chimie sur la dynamique des électrons dans les molécules à l’Imperial College London (Royaume-Uni), thèse pour laquelle elle reçoit un prix pour « doctorat exceptionnel ». C’est à cette occasion qu’elle découvre le monde fascinant des processus ultra-brefs (femtoseconde et attoseconde) en chimie moléculaire. Elle poursuit avec un post-doctorat en Suède, où elle se spécialise en simulations numériques en photochimie et science attoseconde.
En 2019, elle est classée première au concours d’entrée au CNRS et devient chargée de recherche. Son expertise repose sur une rare double compétence en chimie quantique et dynamique moléculaire. Elle se spécialise dans la modélisation de la dynamique non-adiabatique à l’échelle attoseconde-femtoseconde, et développe également des logiciels pour expérimenter ces méthodes.
Récemment, elle a acquis une expertise en modélisation de la spectroscopie de rayons X, comblant le fossé entre la théorie et l’expérience. Depuis son arrivée au laboratoire CEISAM à Nantes, elle a créé et dirige un nouveau thème de recherche, l’attochimie, qui ouvre la voie à des avancées majeures, non seulement pour comprendre les interactions lumière-matière, mais aussi pour contrôler ces processus par des impulsions laser ultra-brèves.
Ses travaux ont été publiés dans des revues de premier plan et présentés lors de nombreuses conférences, dont 20 conférences internationales. Elle a également reçu plusieurs distinctions, notamment le 2017 Award for Outstanding PhD in Chemistry de l’Imperial College London, une bourse ERC Starting Grant en 2022, et la Médaille de Bronze du CNRS en 2024.
Au-delà de ses recherches, Morgane Vacher s’implique dans l'encadrement de doctorantes, doctorants et de stagiaires, la coordination de projets de recherche, et la recherche de financements.
Elle s’engage activement pour promouvoir les femmes en science, à travers des pratiques de recrutement inclusives, un management attentif et son rôle de « modèle féminin ». Elle participe aussi à des initiatives visant à accroître la visibilité des femmes scientifiques et s’adresse régulièrement aux jeunes pour éveiller leur curiosité scientifique.
Interview
Quel conseil donneriez-vous aux petites filles qui n'osent pas se lancer dans des carrières scientifiques ?
J’ai envie de leur dire que c’est possible, qu’il faut y croire. Il faut qu’elles croient en elles et qu’elles persévèrent. Ne pas écouter les affirmations telles que « les filles sont nulles en maths ».
Faites ce qui vous plait et ne laissez pas les autres décider à votre place !
Comment sensibiliser dès le plus jeune âge aux sciences ?
Il faut exposer les enfants dès le plus jeune âge aux sciences, à la logique, de manière ludique.
Plus important que les connaissances scientifiques en elles-mêmes, il y a la démarche scientifique. Il faut éveiller la curiosité des jeunes, les encourager à se questionner, leur apprendre à émettre des hypothèses, à mener des expérimentations dans des conditions rigoureuses, à observer les résultats et à conclure par rapport à l’hypothèse de départ. Former leur esprit critique bien sûr. Une telle approche leur sera utile dans bien des domaines par la suite.
Quelle est l'importance d'avoir des rôles modèles selon vous ?
Les rôles modèles sont essentiels pour se projeter. Je suis convaincue qu’ils m’ont aidé lors de mon parcours professionnel. J’essaie aujourd’hui d’agir moi-même en tant que « modèle de femme scientifique » pour les générations à venir.
Lorsque j’interviens auprès d’élèves, il m’importe de les sensibiliser aux sciences bien sûr, mais également de leur offrir un modèle féminin.
Comment décririez-vous votre carrière scientifique ?
Ma carrière scientifique a été guidée par ma curiosité et mon envie de comprendre le monde qui nous entoure. J’ai d’abord étudié la biologie et la géologie, avant de me spécialiser en chimie quantique afin de comprendre les choses de manière plus approfondie. J’ai également un parcours international avec 7 années à l’étranger, une expérience enrichissante tant sur les connaissances scientifiques mais aussi sur les façons de travailler.
En tant que lauréate, que représente ce prix pour vous ?
Le prix Irène Joliot-Curie représente une immense fierté. C’est une reconnaissance importante de mon travail et de mon engagement.